Chiour par Mr Le Rabbin Daniel GOTTLIEB

«PRIERE DU JUSTE »

Issac et Rebecca n'avaient pas d'enfant, ils en étaient certainement profondément meurtriss l'un et l'autre. Il est écrit, en effet (Genèse XXV, 21) :
"Isaac implore l'Eternel au sujet de sa femme parce qu'elle était stérile"
(traduction de J. Schwarz qui commente en disant : Isaac a prié en faveur de sa femme qui - il le savait - souffrait encore plus que lui du fait qu'elle n'avait pas d'enfant. C'est la raison pour laquelle la Bible précise que Dieu l'a exaucé, lui, parce ce qu'il s'est penché sur le malheur de Rebecca en la considérant comme plus digne d'intérêt que lui même).

En fait le verset dit qu'Isaac a prié "en face de sa femme" (on trouve des exemples dans lesquels mot traduit ici par "au sujet de" ne peut incontestablement signifier que "vis à vis", "en face" : Exode XXVI, 35 ; XL, 24).

C'est cette traduction qui est présentée par Rachi qui explicite : "il se tenait dans un coin et priait, elle se tenait dans l'autre coin et priait".

"Dieu exauça sa prière (à lui)", la prière d'Isaac (ib.).
Rachi explique que c'est la prière d'Isaac qui a été exaucée et non pas celle de Rebecca parce que la prière d'un juste fils de juste n'est pas semblable à la prière d'un juste fils de coupable. L'interprétation que l'on donne habituellement à ce commentaire de Rachi consiste à dire que la prière d'un "juste fils de juste" est plus efficace que la prière d'un à tout le moins.

Isaac, fils d'Abraham, était "juste fils de juste" ; Rebecca était certes une sainte femme, mais elle venait de la famille de Batuel et de Laban, le fourbe et malhonnête, ce qui expliquerait la prééminence de la prière d'Isaac.

Mais la phrase de Rachi ne parle pas de l'efficacité de la prière : elle constate simplement que la prière de l'un est différente de la prière de l'autre.

 Le "juste fils de juste" a eu le privilège de connaître un juste véritable ; il priera donc pour que ses enfants soient aussi parfaits que son père; il priera pour que, à tout le moins, l'un de ses enfants conserve intégralement la totalité du message authentique qu'il a reçu de son père afin de pouvoir la transmettre a son tour dans son intégralité.

Le "juste fils de coupable " mesure la gravité des turpitudes dont il a été l'objet ou le témoin dans la maison de ses parents ; il souhaitera donc qu'aucun de ses enfants ne soit aussi coupable que ceux qu'il a connus. Quitte à ce qu'aucun de ses enfants ne soit parfait, il souhaite à tout prix éviter de compter dans sa descendance un véritable coupable.

Ainsi, la prière d'Isaac consistait-elle à demander à Dieu d'avoir un enfant qui soit aussi parfait que l'était Abraham. Cette prière est radicalement différente de celle de Rebecca qui, elle, souhaitait qu'aucun de ses enfants ne soit coupable comme Laban.
Le récit biblique, comme le souligne Rachi, illustre bien que "Dieu a exaucé la prière d'Issac".  Sans doute Isaac a-t-il été douloureusement meurtri de savoir qu'Esaü s'était éloigné du droit chemin, comme Abraham avait été meurtri à l'idée de devoir se séparer d'Ismaël, mais Isaac a eu le bonheur de compter dans sa descendance Jacob qui est devenu le porteur de l'intégralité du message d'Abraham.

Nous avons parfois tendance à nous réjouir de constater que les efforts déployés en faveur de la jeunesse ne sont pas  vains dans la mesure où, parfois, nous avons le plaisir de constater que certains enfants qui nous sont confiés sont moins éloignés du Judaïsme que leurs parents.

Mais si on voulait mettre en pratique le principe éducatif qui se dégage de la prière d'Isaac, tel que nous l'avons interprété en suivant le commentaire de Rachi, nous devrions tout mettre en oeuvre pour former des jeunes capables d'assurer la pérennité du Judaïsme même si cela devait coûter    la perte d'une partie de cette jeunesse.

Il s'agit par conséquent de prier et d'agir pour que notre prière soit, à l'instar de celle d'Isaac, l'expression de voir tous nos jeunes devenir de dignes porteurs de l'intégralité du message authentique du Judaïsme.

Un verre est à moitié vide ou à moitié plein selon que l'on est optimiste ou pessimiste, l'attitude juive consiste à souhaiter et à tout mettre en œuvre pour que le verre soit plein.

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Genèse. XXV,.22 : " ... Rebecca devint enceinte. Les enfants s'entre poussaient dans son sein".

Rachi constate que cette proposition mérite explication et il cite un commentaire de ses maîtres :
"Lorsque Rebecca passait à proximité d'une maison d'étude ou de prière, Jacob s'agitait comme s'il voulait sortir, tandis que lorsque Rebecca passait à proximité d'un lieu de culte idolâtre c'était Esaü qui s'agitait pour sortir".

Le Talmud (Sota) s'interroge sur l'emploi du temps du foetus dans le sein de sa mère et il répond que l'embryon étudie la Tora sous la direction de l'ange Gabriel.

Sachant cela on peut comprendre que Esaü ai été impatient de quitter le sein maternel pour s'adonner à l'idolâtrie, mais on comprend moins bien que Jacob ait voulu s'en éloigner pour trouver des maîtres dont la qualité ne pouvait nullement égaler celle de l'ange divin !.

Comment expliquer alors les velléités de Jacob de sortir du sein de sa mère lorsqu'elle passait à proximité d'une maison d'étude ou de prières ?

Réponse : Lorsqu'on parle d'enseignement ou d'éducation, on néglige trop souvent l'influence des camarades d'étude. Il est parfois préférable de renoncer, pour ses enfants,  aux enseignants les plus compétents et les plus qualifiés s'ils sont liés à la présence d'élèves  qui ne partagent pas les idéaux et les objectifs que l'on désire pour ses enfants. Le choix des camarades semble au moins aussi important que celui des enseignants.

Ce qui est vrai pour l'éducation des enfants, l'est aussi pour les choix que les adultes sont amenés à faire pour leur propre engagement culturel et social.
 
 

.Le Rabbin Daniel GOTTLIEB

A suivre .....

 

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