Chiour par Mr Le Rabbin Daniel GOTTLIEB |
«ALLONS RECEVOIR LA THORAH »
"Entraîne-moi sur tes pas, courons !"(Cantique 1,4)
On peut voir dans ce verset une allusion à une attitude caractéristique du peuple juif : si on le "tire" -ou si on le pousse -à faire le bien, il répond avec empressement; mais il est rare qu'il prenne lui-même l'initiative ou qu'il fasse preuve d'enthousiasme pour entreprendre.
Ce manque de dynamisme lui a souvent causé de pénibles conséquences.
Les Hébreux ont été "tirés" hors de l'esclavage d'Egypte :
-Ils ont été chassés d'Egypte, sans le moindre
délai..." (Exode XII, 39) ;
-"Les Egyptiens pressèrent le peuple pour hâter son
départ du pays..." (Exode XII, 33) ;
-"C'est en toute hâte que tu as quitté le pays d'Egypte"
(Deut. XVI,3).
Ce sont les Egyptiens qui étaient pressés de voir les
Hébreux quitter l'Egypte, ce sont les Egyptiens qui ont fait preuve
d'impatience et qui ont chassé les Hébreux en les bousculant
au point qu'ils n'eurent pas le temps de laisser lever la pâte (Sifré,
Mekhilta).
Quand il s'est agi de recevoir la Torah, il a encore fallu "tirer" les Hébreux de leur inertie.
Le Midrach illustre cette idée en disant qu'au mois de Sivan les nuits sont courtes et que les Hébreux, au pied du Sinaï, dormaient longtemps encore après le lever du jour : il a fallu que Moïse les réveille pour les conduire devant Dieu qui les attendait -"Moïse conduisit le peuple hors du camp, à la rencontre de Dieu. .." (Exode XIX, 1), tandis que "Dieu sortit avant son peuple" (Psaume 68, 8)(cf. Pirké de Rabbi Eliezer XLI).
Et, selon un autre Midrach, quand Dieu est descendu sur le Mont Sinaï, les Hébreux dormaient encore, ce qui L'a conduit à faire retentir des tonnerres (Exode XIX,16) pour les réveiller.
Cette attitude des Hébreux a été vivement critiquée
: Rabbi Itshak y voit une allusion dans le verset (Isaïe L,2): "Pourquoi,
en arrivant, n'ai-Je trouvé personne? Pourquoi, à Mon appel,
nul n'a-t-il répondu" (Cant. Rabba, XII).
Plus douloureuse encore est l'appréciation portée par
Rabbi (T.P. Chekalim 1,1) : "Comment pourrait-on rapprocher sans trembler
ces deux situations qui semblent illustrer le caractère du peuple
Juif : quand il s'est agi d'aller vers le bien, d'aller recevoir la Torah,
il a fallu que Moïse les entraîne, car ils n'y sont pas allés
d'eux-mêmes (cf.supra) ; par contre, quand il s'est agi de protester,
"ils se sont précipités vers Moïse..." (Deut.
I, 22), spontanément".
C'est la raison pour laquelle a été instituée la
veillée d'études dans la nuit de Chavouot.
Cet usage nous apprend qu'il ne suffit pas d'écouter la lecture
de la Torah, d'étudier les enseignements de la Torah : il faut le
faire avec empressement et avec enthousiasme.
Célébrer la fête de Chavouot, ce n'est pas seulement
commémorer la Révélation du Sinaï : c'est se
considérer comme participant à l'événement
fondateur du judaïsme. C'est donc s'exclamer, avec sincérité
"NAASSE VE-NICHMA" : "Tout ce que Dieu a dit, nous voulons l'écouter,
le comprendre et l'accomplir".
.Le Rabbin Daniel GOTTLIEB
A suivre .....
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