Chiour par Mr Le Rabbin Daniel GOTTLIEB |
«Paroles et action » «GLANURE »
A propos de la sidra Bechala'h, le Talmud (Sota 36b) dit que :
« Quand les enfants d’Israël se sont retrouvés devant
la mer rouge, les tribus se disputaient pour savoir quelle serait la meilleure
façon de procéder pour se sortir de ce mauvais pas. D’après
Rabbi Meïr une tribu disait « moi je veux être la première
à descendre dans la mer » et l’autre répondait «
je veux être le premier à descendre dans la mer… »
Rabbi Yehouda lui répond en disant : ce n’est pas comme cela
que les choses se sont passées, mais l’un disait « ce n’est
pas moi qui veut descendre le premier dans les flots » et l’autre
répondait « ce n’est pas moi qui veut descendre le premier
dans les flots » ».
La première interprétation qui vient à l’esprit quand on lit ce passage c’est qu’il y a un désaccord entre les deux Rabbanim : Rabbi Meïr prétend que chacun voulait être le premier à descendre, tandis que Rabbi Yehouda affirme que chacun voulait se dérober.
A la deuxième lecture il faut constater que Rabbi Meïr et Rabbi Yehouda n’étaient pas nécessairement en désaccord. Rabbi Yehouda était d’accord avec Rabbi Meïr pour considérer que les tribus disaient chacune : « je veux être le premier à descendre dans la mer », mais Rabbi Yehouda d’ajouter que "ce n’est pas comme ça que les choses se sont passées". C’est à dire que quand bien même chacune des tribus prétendait être la première qui voulait agir, au moment où il a fallu passer à l'acte, elles se sont toutes dérobées en disant « ce n’est pas moi qui veut être le premier à descendre ».
Quand il y a apparente unanimité sur la formulation d’un projet,
lorsque vient le temps de la réalisation, il peut arriver que ceux
qui était les plus vigoureux partisans de l’action se dérobent.
«GLANURE »
« Ceci est mon Dieu et je veux L’honorer » (Ex. XV, 2)
Après avoir pu traverser miraculeusement la mer, Moïse et les enfants d’Israël entonnèrent un cantique – dont le texte nous est bien familier puisqu’il figure dans la liturgie quotidienne -.
La traduction placée en exergue est celle de la Bible du Rabbinat. Le texte hébraïque comporte un mot – VEANNVEHOU – qui peut donner lieu à plusieurs interprétations rapportées par le Talmud (Chabbat 133 b).
Le mot VEANNVEHOU peut être rapproché d’une racine qui évoque l’idée de construction : « Ceci est mon Dieu : je veux lui édifier un Temple pour Le servir ». Prendre conscience des miracles qui ont permis aux rescapés de survivre à l’esclavage d’Egypte, implique la volonté de témoigner sa reconnaissance à Dieu par le culte qui doit Lui être rendu
Le mot VEANNVEHOU peut aussi être rapproché d’une racine qui évoque la beauté. C’est ce qui permet aux Rabbins de dire : « Ceci est mon Dieu, je veux rechercher la beauté dans ma manière de Le servir » : il faut chercher à posséder un beau livre de prières, un beau talit, etc.…
Le mot VEANNVEHOU peut enfin suggérer l’idée d’une assimilation entre l’homme et Dieu, entre « moi et Lui » (Rachi). Comme pour signifier que nous devons essayer de vivre à l’imitation de Dieu : si la Bible nous dit de Dieu qu’Il a habillé Adam et Eve (Gen. III, 21), et si la Bible nous dit de Dieu qu’Il à rendu visite à Abraham après que ce dernier ait pratiqué la circoncision (Gen. XVIII, 1), c’est pour que nous soyons attentifs aux besoins de nos semblables, que nous leur venions en aide, que nous donnions des vêtements à ceux qui n’en ont pas et que nous soyons présents auprès de ceux qui éprouvent des souffrances ou qui rencontrent des difficultés physiques ou morales.
Si Dieu nous a donné l’exemple, il convient d’ajouter que Dieu
est présenté comme « notre ombre » (Psaume
121, 5) : Il prolonge l’action que l’homme entreprend. Nous ne devons pas
attendre que Dieu résolve seul tous les problèmes que nous
rencontrons sur le plan individuel comme sur le plan de la collectivité
: il nous appartient de tout mettre en œuvre pour venir en aide aux personnes
et aux familles déshéritées - en espérant que
Dieu exaucera pleinement nos prières de voir se réaliser
définitivement une ère de sérénité,
d’harmonie et de paix.
.Le Rabbin Daniel GOTTLIEB
A suivre .....
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