Les réseaux islamistes ont de plus en plus souvent recours à leurs services

 

Par Jean Chichizola  - le figaro du 05 octobre 2005

 

Elles s'appellent Sylvie, Aurore ou Isabelle. Plus discrètes que leurs époux activistes, ces Françaises converties à l'islamisme radical sont pourtant souvent de véritables pasionarias. Les policiers français se souviennent encore de la femme d'un des terroristes du groupe de Francfort interpellé alors qu'il préparait un attentat à Strasbourg fin 2000. Drapée de noir, elle était entièrement gagnée à la cause de son mari et avait envisagé de partir avec lui en Afghanistan. Dans le groupe Beghal, qui projetait un attentat contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris en 2001, une convertie, par ailleurs soeur de l'un des membres du groupe, avait franchi le pas et rejoint les montagnes afghanes. Sylvie G. avait d'ailleurs été interpellée le 9 février 2002 par les autorités iraniennes alors qu'elle franchissait clandestinement la frontière pakistano-iranienne en compagnie de sept autres Français. Aucune de ces converties n'a jamais participé à des projets d'attentat mais elles ont joué un rôle non négligeable dans les groupes radicaux.

«La recherche d'une femme française est une activité importante des réseaux islamistes, explique un policier spécialisé. Cela pour des raisons évidentes : elles permettent d'obtenir des papiers en règle et peuvent donner un coup de main discret. Certaines n'ont pas hésité à suivre leur homme jusque dans les pays de djihad.» Dans un milieu qui reste dominé par les hommes, ces converties peuvent notamment servir de courrier. Au fil du temps, de véritables «groupes de femmes islamistes» se sont parfois créés. «Dans ces groupes, explique le collaborateur d'un service de renseignement, des sortes d'émirs ou de gourous au féminin oeuvrent à l'endoctrinement de ces recrues. Elles contribuent également à la constitution de groupes homogènes où l'endogamie règne en maître.» Au début des années 2000, une femme installée dans les camps afghans affirmait même avoir droit de vie ou de mort sur ses camarades d'infortune.

Le recrutement de converties a enfin un dernier avantage pour les réseaux islamistes. Les jeunes femmes visées ont souvent eu un parcours personnel et social des plus chaotiques. Une fois intégrées, leur soumission est souvent totale. «Il est absolument impossible d'obtenir leur témoignage, déplore un policier du centre de la France, même quand elles sont menacées ou battues par leur conjoint ou leur entourage.»

 

 

L'islam radical prend pied dans des familles fragiles de banlieue

 

PARIS, 30 sept 2005 (AFP et La Croix)

 

Le délégué interministériel à la famille, Dominique de Legge, s'est inquiété, dans une note transmise cet été au ministre de l'Intérieur, d'une montée du fondamentalisme musulman dans des quartiers de banlieue en difficulté, a-t-on appris vendredi de source proche du dossier.

Révélée vendredi par le journal La Croix, cette note constate que "l'efficacité" du discours d'associations liées à l'islam radical leur permet "d'avoir une emprise sur un certain nombre de familles qui, souvent par dépit, trouvent là un cadre identitaire, voire une issue pour l'avenir".

Selon cette note, la fragilité des familles et la paupérisation dans certains quartiers de banlieue sont un "terreau favorable à l'action des fondamentalistes oeuvrant dans le domaine social et éducatif".

Dominique de Legge évoque d'autres dérives dans cette note, toujours selon la Croix: "de plus en plus de jeunes filles de confession musulmane consentent à des unions avec un conjoint choisi par la famille, environ 70.000 mineures seraient concernées par des mariages forcés".

A l'issue de ce document, le délégué interministériel demande au ministre de l'Intérieur de "réunir les services concernés afin d'étudier le moyen de contrer ces associations musulmanes fondamentalistes qui utilisent l'intervention dans les domaines sociaux ou éducatifs afin de véhiculer un discours de rupture".

En juillet, les renseignements généraux s'étaient déjà alarmés, dans un rapport, du "repli communautaire" auquel sont confrontés environ 300 quartiers sensibles.

Selon ce rapport, remis au ministre de l'Intérieur, sur 630 quartiers surveillés par les RG, près de la moitié seraient "ghettoïsés ou en voie de l'être".