Vaye’hi
La vraie bonté
« Vehasita
imadi hesed veémet » « Et comporte-toi à mon égard avec bonté et
vérité » (Berechit 47 : 29).
Que voulait dire Yaacov
à Yossef ? Existe-t-il une bonté fondée sur le mensonge ? Rachi
cite
le Midrach Rabba qui précise que la bonté manifestée à un mort est
la véritable bonté. Honorer un disparu dénote une bonté véritablement
désintéressée puisque aucune réciprocité n’est à espérer…
La bonté vis à vis d’un mort
ne se termine pas avec son enterrement. En fait, dès après son départ,
il passe en jugement devant le Roi des Rois et peut véritablement bénéficier
de notre aide dans le royaume spirituel. C’est la période pendant laquelle
les vivants doivent s’impliquer dans l’étude de la Michna, réciter
le Kadich et faire autant de Mitsvot qu’il est possible pour l’amour
de l’âme du défunt. L’étude de la Michna est particulièrement importante
pour aider l’âme… Il faut noter, à ce sujet, que le mot « Michna
» est l’anagramme de « Nechama » (l’âme)…
Nos Sages nous enseignent que Asher,
le fils de Yaacov, se tient assis à l’entrée du Guehinam et, lorsqu’une
personne étudie la Michna, dans ce monde, en l’honneur du défunt, Asher
s’empare de la Michna et sauve l’âme des flammes du Guehinam; ceci
fait allusion au verset : « Me Asher shmeina
lachmoch » « Le pain d’Asher sera enrichi », le mot
« shmeina » est également
l’anagramme de Nechama et de Michna, ce qui implique que la Michna est
du pain pour la Nechama.
Rabbi Yohanan Ben Zakaï
racontait : « Je cheminais un jour sur une
route et rencontrais un homme qui ramassait du bois. Je lui adressai la
parole mais il ne me répondit pas…
Quelques instants plus tard, l’homme
se dirigea vers moi et me dit : « Rebbe, je
suis un homme mort, je ne suis pas vivant ». « Si tu es mort, pourquoi
ramasses-tu du bois ? » lui dis-je.
« Parce
que quand j’étais vivant, mes amis et moi avons commis de nombreuses
infractions à la Loi, et il a été décrété dans le Ciel que nous devions
être brûlés. Quand je ramasse du bois, mes amis brûlent et quand ils
en ramassent c’est moi qui brûle… ».
–
Pendant combien de temps cela va-t-il durer ? lui demandais-je.
–
Lorsque j’ai quitté le monde pour le Monde de Vérité, mon épouse
était enceinte… Auriez-vous l’extrême amabilité d’emmener mon
fils, dès qu’il aura 5 ans chez un Maître qui lui enseignera la Torah…
Car dès qu’il sera à même de dire « Barekhou et Hachem Hamevorakh
- Que soit loué et glorifié le Saint béni soit-il », je serai délivré
du Guehinam (Tana Devé Eliahou Zouta).
Cette histoire nous enseigne le pouvoir
déterminant que nous, vivants, détenons pour intercéder dans la délivrance
de l’âme d’un défunt.
Un survivant de la Shoah, du nom
de Yaacov Feldman, qui vit actuellement en Israël, a raconté à
Rabbi
Eliezer Klein de Beersheva, cette effrayante histoire :
« Quand
j’ai eu 17 ans, j’ai quitté ma famille pour aller travailler en Hongrie.
Là, je perdis rapidement l’enseignement que j’avais reçu auprès
des miens, et commençais à cacher mon identité juive, effrayé par l’arrivée
de l’ennemi qui prit le contrôle du pays en 1941… En 1944, je me retrouvais
à Auschwitz, mais miraculeusement, je survécus et fus libéré en 1945…
Je fis ma Alya en 1948… Comme je le disais, j’avais abandonné ma pratique
religieuse, je travaillais le shabbat, les jours de fêtes et même le
jour du Yom Kippour !
La veille
du Yom Kippour 5713 (1952), je travaillais comme à l’accoutumée…
Durant la nuit, mon père Haïm Mordekhai m’apparut en rêve. Il portait
ses habits de fête, son talith… et il me dit : « Repends-toi ! Reviens
à la vie juive, comme je te l’ai enseigné ! Autrement, tes jours sont
comptés ! ! ! »
Ce même
rêve me hanta toutes les nuits de la semaine… Le vendredi soir suivant,
je m’installais dans un café à Rishon le Tzion, je dînais puis, je
m’en retournais chez moi… A peine entré, j’entendis une voix m’interpellant
en Yiddish : « Oh non, tu continues encore à pécher ! » et je vis mon
père, qui avait péri à Auschwitz, qui se tenait, là, vêtu de son talith
: « Ne crois pas qu’il s’agit d’un rêve, je suis venu t’avertir
que dans le Ciel il a été décrété que tu dois mourir incessamment
».
Cette fois,
je fus vraiment effrayé, puis l’image de mon père disparut… Ce samedi-là,
je n’osais plus ni fumer ni écouter la radio et le soir j’allais au
théâtre… Quand je revins, ce soir-là, l’image de mon père était
là, presque réelle; « c’est le dernier avertissement ! », et il disparut.
A cette
époque, je dirigeais une entreprise industrielle à Rishon… Dimanche,
je me levais très tôt et allais à l’usine où je m’empressais de
déléguer les taches aux ouvriers, puis je filais vers Bné Brak pour
rencontrer le Hazon Ich afin qu’il m’explique ces rêves étranges…
J’avais à peine franchi le pas de sa porte que je l’entendis me dire
: » Quelle tragédie, vous travaillez le Chabat, à Roch Hachana et même
à Kippour ! Votre père n’est pas en paix dans le monde d’en haut
et vos jours sont comptés ! ».
Puis, il
me dit : « Vous avez fait une Mitsva très particulière dans votre jeunesse
et cela vous a donné le mérite d’être averti des dispositions du Ciel…
Mais maintenant, il vous faut reprendre d’urgence la pratique du judaïsme
comme vous l’a enseigné votre père. Vous souvenez-vous de cet événement
exceptionnel qui vous a fait mériter l’avertissement de votre père
? »
Je dis au
Hazon Ich que j’avais essayé d’être bon avec mon entourage et que
j’avais fait beaucoup de Tsedaka … « C’est très bien, mais ce n’est
pas la raison, il doit y avoir autre chose » me dit-il. Et puis je me
souvins… Quand j’avais quatorze ans, une dame vint voir mon père et
l’informa que dans un village voisin, un enfant juif était mort et qu’il
n’y avait personne pour l’enterrer conformément à la Loi juive. Mon
père m’envoya pour m’occuper de l’enterrement… Le trajet était
très dangereux à cause de la forêt infestée de brigands… J’étais
mort de peur mais je fis mon devoir et l’enfant fut enterré conformément
à la Halakha.
En entendant
cela, le Hazon Ich hocha la tête mais ne dit pas un mot… Je décidais
de reprendre ma vie de Juif pratiquant comme me l’avait enseigné mon
père… (Peer Hador, Vol. 4 ch. 25).
Vayigach
Savoir pardonner
«
Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-même
de m’avoir vendu; car c’est pour notre subsistance que Dieu m’a envoyé
avant vous » (Berechit 45 : 5).
Ce passage démontre l’étonnante
habilité de Joseph à pardonner à ses frères qui lui avaient causé
tant de souffrances. Non seulement, il leur pardonna de l’avoir jeté
dans un puits infesté de serpents, mais il les rassura en leur précisant
qu’ils avaient agi par la volonté de Dieu et que s’ils avaient été
choisis pour cette difficile mission, c’est bien qu’ils avaient trouvé
grâce à Ses yeux (Selon l’avis de Ohr Ahaïm).
Il n’est certainement pas aisé
d’atteindre à un tel niveau de mansuétude et de longanimité… mais
le fait d’accepter toute épreuve comme une manifestation de la Volonté
divine montre combien Joseph HaTsadik était conscient que rien ni personne
ne pouvait altérer sa confiance en l’Eternel.
Parvenir à un tel niveau réclame,
à l’évidence, des qualités exceptionnelles; c’est pourquoi, explique
le
Rav Ezéchiel Levenstein, lorsque Yaacov Avinou exprima le souhait
que son fils Joseph l’enterre dans la grotte de Machpela, il lui parut
nécessaire de lui expliquer les raisons de sa décision d’enterrer sa
mère, Rachel Imenou,
« sur la route d’Efrat,
qui est Bethléem » (Berechit 48 : 7).
Rachi explique que Yaacov
dit à Joseph : « Je sais que tu pourrais m’en
vouloir d’avoir enterré ta mère ‘sur le bord du chemin’ plutôt
qu’à Bethléem même, aussi me dois-je de te préciser que je n’ai
pas agi de mon propre chef… J’ai suivi les instructions de Hakadoch
Baroukh Hou ».
L’instruction divine demandant
à Yaacov d’enterrer Rachel le long de la route, avait été donnée
afin qu’elle puisse aider ses descendants lorsque Nevouzradan emmènerait
le Peuple Juif en captivité après la destruction du Premier Temple.
A leur sortie de Jérusalem, les
enfants d’Israël pourraient s’arrêter « sur le bord du chemin
» pour prier sur la tombe de Rachel. Et, en effet, ils s’arrêtèrent
tous pour solliciter sa bénédiction…
La grandeur de Rachel réside notamment
dans son aptitude à pardonner les offenses qu’elle eut à subir… Non
seulement, elle fut disposée à renoncer à son mariage avec Yaacov, mais
elle dévoila en secret à sa soeur Léa, avant la nuit de noces, les signes
de reconnaissance que Yaacov lui avait donnés… Et tout cela, pour épargner
la honte à sa soeur.
Quel altruisme exceptionnel ! ! Pour
le mérite de sa conduite, les pleurs de Rachel pour la sauvegarde de ses
enfants sont entendus dans le Ciel… Encore aujourd’hui, Rachel pleure
et prie pour que se termine l’éprouvante Galout (Eikha Rabti intro.).
Le Sefer Reichit Khokhma (Anava chap.
3) précise : « Après avoir apprécié l’importance
du pardon envers son prochain, il apparaît, à l’évidence, qu’il
vaut mieux souffrir un peu et mériter de recevoir par la suite une récompense
véritable… il serait en effet regrettable de renoncer à tous ces bienfaits
et perdre autant de bénédictions en ne consentant pas à pardonner et
oublier ».
A l’époque où le Tzaddik Rabbi
Haïm Moshé Mendel vivait à Amidar, trois hommes l’humilièrent
en présence
des rabbins de la ville.
Un des grands Rav qui vivait dans
le voisinage avertit les auteurs des injures que s’ils ne sollicitaient
pas le pardon de Rabbi Haïm, ils s’exposaient à de sérieux dommages…
Mais les trois hommes ignorèrent cette mise en garde !
Peu de temps après, voici ce qu’il
arriva : Le premier fut renversé par un véhicule et tué devant sa boutique,
le second subit une sévère attaque cérébrale entraînant sa paralysie;
il perdit également l’usage de la parole.
Voyant ce qui était arrivé, Rabbi
Haïm s’empressa de rendre visite au paralysé à qui il formula tous
ses vœux de prompt rétablissement. A sa vue, le malade fut encore plus
déprimé et comprit que par son attitude injurieuse, il avait provoqué
ses propres infirmités; il pleura sur son sort...
Rabbi Haïm resta auprès de lui
un long moment et lui affirma, très sincèrement, qu’il ne lui tenait
pas rigueur de ses propos. « Je regrette profondément
que cet homme souffre autant et je prie l’Eternel de lui apporter Sa
bénédiction. Je lui pardonne de tout mon coeur. »
Le troisième homme qui avait été
entraîné par les deux premiers dans cette douloureuse affaire réalisa
que son tour était arrivé de subir la punition divine… Il prit l’initiative
d’appeler Rabbi Haïm, il accourut pour lui présenter ses excuses les
plus sincères et, suivant l’exemple de Yossef Hatsadik, Rabbi Haïm
lui accorda son pardon et lui donna sa bénédiction.
Berechit
-Noah- Lekh Lekha-Vayera-Haye
Sarah-Toldot-Vayetse-Vayichlakh-Vayechev-
Mikets-Vayigach-Vaye’hi
Mikets
L’humilité
« Joseph répondit à Pharaon :
«
Cela ne dépend pas de moi, c’est Dieu qui répondra pour apporter la
paix à Pharaon » (Berechit 41 : 16).
Rachi disait : «
la sagesse n’est pas mienne, Dieu mettra la réponse dans mes propos…
».
Le Midrash Tanhouma précise que
l’Eternel dit à Joseph : « Puisque tu te conduis
avec humilité et ne t’enorgueillis pas de ta sagesse, Je te récompenserai
royalement. »
Selon certains commentateurs, Eliezer,
le serviteur d’Abraham, utilisa la même approche que Joseph. En effet,
il sollicita une faveur de l’Eternel afin que la Grâce divine lui indique
les voies qui l’amèneraient à trouver l’épouse destinée à Itzhak.
Eliezer dit «
Et je saurai par elle que Tu as agis avec grâce avec mon maître » (Berechit
24 : 14).
Nos Sages précisent : «
Celui
qui est humble, l’Eternel l’honore et l’élève, mais celui qui recherche
les honneurs, les honneurs le fuient » (Erouvin 13b).
La récompense de Joseph advint
lorsque le Pharaon lui dit :
«
Bilade’ha
–
Sans ton ordre, nul ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d’Egypte
» (Berechit 41 : 44).
Le testament du Tzaddik Eliahou
Regolar est un exemple du genre : « Toutes
les éloges ne sont que manières vaines et trompeuses. La preuve en est
c’est que personne ne se tient aux côtés de son prochain ni ne le vénère
lorsqu’il se trouve dans une situation difficile…
Toutes
les louanges ne sont que futilité; une personne doit s’habituer à agir
dans la plus grande simplicité plutôt que dans la recherche des honneurs
car le Kavod qu’il reçoit des autres n’est que vaine illusion ».
Ce n’est pas un hasard si nos
Sages nous ont invité à éviter la recherche des honneurs car celui qui
prend trop de plaisir à ce jeu flétrit son âme, engendre la jalousie,
provoque des conflits et surtout, créé des barrières qui l’empêchent
de s’imprégner de l’esprit de la Torah.
C’est l’esprit des versets (Michée
6 : 8) « Marche humblement avec ton Dieu » «
Car l’Eternel assouvit l’âme altérée, Il comble de biens l’âme
affamée… pour qu’ils glorifient la Grâce de l’Eternel et Ses miracles
pour les fils de l’homme. » (Psaumes 107).
Un jour, alors que le Rav Israël
Abouhassira (Baba Salé) voyageait en bateau à destination du
Maroc, une terrible tempête menaçait de couler le navire. Cela se passait
en fin d’après-midi, un vendredi et Baba Salé s’affairait activement
dans sa cabine à préparer le Chabat.
Il était tellement concentré qu’il
ne ressentit même pas les soubresauts du bateau qui luttait pour éviter
le naufrage.
Le Capitaine ordonna à l’équipage
de mettre les canots de sauvetage à la mer… L’assistant de Baba Salé,
un jeune homme nommé Moshé Sheetrit (alias petit Moshé) quitta la cabine
et courut sur le pont assister avec effroi au débarquement des passagers
affolés…
Le Capitaine le héla : »
Vite,
vite, appelle ton Maître et fais le évacuer avant qu’il ne soit trop
tard… Le navire va couler ! ! ! »
Petit Moshé retourna à la cabine
et informa son Maître du danger imminent et des instructions du Capitaine.
Mais Baba Salé resta impassible … « Le dîner est-il prêt ? »
demanda-t-il « Donne-moi le vin, nous allons faire le kiddouch et Dieu
aura pitié de nous ».
Moshé tendit le verre de vin en
tremblant et attendit, fébrile et impatient, pendant que Baba Salé récitait
le Kiddouch très lentement et avec une grande concentration. Lorsqu’il
finit de boire, Baba Salé tendit le verre à Moshé et lui demanda d’aller
sur le pont et de verser le reste du vin sur les flots déchaînés…
Moshé raconta ce qui arriva ensuite
: dès que le vin toucha l’eau, tout changea… Les vagues se calmèrent
et le navire continua de naviguer comme si de rien n’était… Le Capitaine,
ébahi, se tenait sur le mât et observait Petit Moshé… Il descendit
précipitamment et accourut vers le jeune homme « Qu’avez-vous fait
pour arrêter la tempête ? » s’écria-t-il… « Rien, dit-il
tranquillement, je n’ai fait que suivre les instructions de mon Maître
».
« Je souhaite parler à ton
Maître immédiatement » dit le Capitaine. Il se rendit dans la cabine
de Baba Salé et s’inclina respectueusement : « Honoré Rabbi, vous
êtes un Saint homme, vous avez sauvé le navire et tous ses passagers…
Nous vous devons nos vies ».
Très humblement, Baba Salé lui
répondit : « Je n’ai rien fait; c’est l’Eternel qui a sauvé
le bateau du naufrage; c’est à Lui que nous devons nos vies… Nous
devons Le remercier d’avoir accompli ce miracle pour nous ».
Le Capitaine embrassa la main du
Tsadik et retourna sur le pont où tout l’équipage et les passagers
s’étaient réunis et il leur dit : « Vous devez savoir que sur ce
navire il y a un Saint homme, un Rabbin dont le mérite nous a tous sauvés.
Allons ensemble lui manifester notre gratitude ».
Mais Baba Salé s’enferma dans
sa cabine et refusa de recevoir tout remerciement… Ainsi, comme le fit
en son temps Yossef Hatzaddik, Baba Salé sanctifia le Nom de l’Eternel
(Kiddouch
Hachem).
Les gens sur le bateau levèrent
leurs yeux vers le ciel et remercièrent en choeur l’Eternel de leur
avoir sauvé la vie par le truchement d’un de Ses Sages.
Vayechev
La reconnaissance
« Et il
ne m’a rien interdit sinon toi parce que tu es son épouse; et comment
pourrais-je commettre un si grand méfait et pécher envers l’Eternel
? » ( Berechit 39 :9).
Joseph affirma qu’après toutes
les faveurs qu’il avait reçues de Putiphar, il était inconcevable pour
lui d’accéder aux désirs pervers de Zaluca son épouse; Joseph estima
que s’il avait accompli la volonté de la femme de Putiphar, il aurait
péché envers l’Eternel.
Ceci semble indiquer que ce n’était
pas nécessairement les bontés de Putiphar à son égard qui l’avaient
poussé à s’abstenir mais plutôt l’ingratitude qu’il aurait, ce
faisant, manifesté envers le Maître du Monde.
Ceci fait-il allusion au principe
de nos Sages qui précisent que celui qui refuse de reconnaître le Bien
qu’il reçoit de son prochain finira par renier celui qui lui est prodigué
par le Créateur. Certains commentateurs suggèrent que dans sa réponse
Joseph ne s’inquiéta uniquement que de sa conduite envers Dieu; après
avoir été le bénéficiaire de tant de bontés divines, il ne pouvait
trahir son Donateur…
Joseph utilisa cet argument à l’adresse
de la femme de Putiphar, explique le Rabbi Hillel Kagan, parce qu’il
s’agissait d’une raison tout à fait compréhensible et logique…
Le devoir pour le bénéficiaire d’une faveur de se conduire de la même
façon que son bienfaiteur est un principe moral fondamental.
Tout être humain décent reconnaît,
à l’évidence, qu’il est inacceptable de rendre le Bien par le Mal
et sur ce fondement, nos Maîtres ont érigé le principe que si un individu
nie devoir de l’argent à quelqu’un, il est présumé dire la vérité.
Il est établi, en effet, qu’aucune
«
âme bien née » n’oserait mettre en doute la parole de son
prêteur lorsqu’il a été le bénéficiaire de sa mansuétude à son
égard… et pourtant, la Guemara rapporte : «
Un débiteur est un esclave vis à vis de son créancier et il se conduit
en tant que tel ! » (Baba Kama 107a).
La conduite de Joseph Hatsadik fut,
elle, en tout point exemplaire; dans quelque situation qu’il se trouvât,
il garda toujours à l’esprit ce principe : «
un homme honorable doit toujours se souvenir du bien qui lui a été fait
et remplir la Mitsva de la Reconnaissance, tant dans ses paroles que dans
ses actes ».
Lorsqu’il fut dans la maison de
Putiphar ou quand il s’adressait au Pharaon, il disait : «
Ceci n’est pas de mon fait, c’est l’Eternel qui décidera de votre
réussite » ou lorsqu’il envoya un message à son père disant
«
Dieu m’a fait maître de l’Egypte », Joseph ne mit jamais
en avant ses mérites et, bien au contraire, il attribua toujours ses succès
à la Volonté de l’Eternel.
Il apaisa également ses frères
:
« Dieu m’a simplement envoyé en éclaireur
avant vous » et lorsqu’il les réprimanda pour le vol du
gobelet d’argent, il leur dit : » Pourquoi
rendez vous le Mal pour le Bien ? »
Aussi, la Mitsva de la Reconnaissance
nous recommande-t-elle de nous comporter avec nos bienfaiteurs avec plus
de zèle qu’il n’ont eu à notre égard !
Nos Maîtres nous enseignent : «
Si votre ami vous a offert un plat de petits pois vous vous devez de le
remercier avec un plat de viande ». Nos Sages étaient très
attentifs à ne pas recevoir de faveurs de la part de pécheurs ou de non-croyants
pour ne pas avoir à devenir leurs débiteurs… Cela explique sûrement
le sens profond de l’adage « Soné Matanot
Ihyé » « Celui qui refuse les faveurs vivra ».
En effet, quelle angoisse d’accepter
de nombreuses largesses et de se trouver toujours redevable ! !
L’histoire suivante décrit la
profonde reconnaissance que le Rav de Brisk avait à l’égard
de toutes les personnes qui lui avaient fait une quelconque faveur. Le
Rav
Zéev Rosengarten raconte qu’après avoir eu l’honneur d’accueillir
le Rav de Brisk chez lui, à Zurich, il se rendit en Israël pour une courte
visite. « J’arrivai une nuit très tard et
pris un hôtel à Tel-Aviv. Le matin suivant, je reçus un appel du Rav
Raphaël, le fils du Rav de Brisk. Il me dit que son père avait eu vent
de mon arrivée en Israël et qu’il voulait savoir quand je prévoyais
de me rendre à Jérusalem. Je répondis que j’espérais rendre visite
au Rav le même jour dans l’après-midi, vers quinze heures… Comme
vous le savez, à cette époque, les transports entre Tel-Aviv et Jérusalem
n’étaient pas très fréquents et j’arrivais à Jérusalem avec plus
d’une heure de retard !
Quand j’approchai
de la maison, je fus très surpris de voir le Rav de Brisk se tenant debout
au bas de l’escalier… Les enfants du Rav me dirent plus tard que leur
père m’avait attendu, là, depuis quinze heures ».
Berechit
-Noah- Lekh Lekha-Vayera-Haye
Sarah-Toldot-Vayetse-Vayichlakh-Vayechev-
Mikets-Vayigach-Vaye’hi
Vayichlakh
La Patience
« Et Yaacov
se tint silencieux jusqu’à leur arrivée » (Berechit 34 : 5).
Après avoir appris ce qu’il était
advenu à Dina, Yaacov attendit ses enfants pour s’enquérir de la réalité
des faits. Ce n’était pas une mince affaire.
En effet, la fille de Yaacov avait
été souillée par Sichem, fils de ‘Hamor, le Hévéen, Gouverneur du
Pays et la réaction de Yaacov se devait d’être forte et immédiate.
Cependant, Yaacov se retint de réagir; il patienta calmement et attendit
le retour de ses enfants pour se concerter avec eux sur la meilleure manière
de réagir à cet affront.
La conduite de Yaacov nous enseigne
comment réagir lorsque nous sommes agressés où que nous subissons une
grave injustice; au lieu de s’emporter brutalement et d’être entraînés
dans une dispute, nous devons rester calmes et considérer posément la
meilleure manière de résoudre le problème sans envenimer la situation.
Réagir violemment ne peut qu’aggraver le conflit.
Yaacov ne voulut pas se battre avec
les gens de Sichem; il tenta de résoudre le problème aussi rapidement
et aussi calmement que possible… Il savait également que ses enfants
pouvaient se comporter violemment et aggraver la situation. Ce ne fut d’ailleurs
pas la première fois que Yaacov fut trompé par ses proches.
En effet, pendant les quatorze années
passées au service de Laban, Yaacov endura plusieurs déceptions et désillusions
et malgré cela il ne se laissa jamais aller à un emportement à l’encontre
de son beau-père, et pourtant, il n’était pas dupe des stratagèmes
utilisés par Laban pour ne pas lui payer son dû ! Cependant, nulle part
dans la Torah, il n’est fait mention d’une réaction inconsidérée
de Yaacov envers Laban; il exprima simplement sa déception devant tant
de procédés malhonnêtes.
Il lui dit : « Que
m’avez-vous fait ? N’était-ce pas pour Rachel que j’ai travaillé
pour vous ? Pourquoi m’avez-vous trompé ? » (Berechit 29 :25).
De plus, malgré toutes les épreuves
subies, Yaacov n’abandonna pas la maison de Laban et ce, dans le seul
but d’éviter d’entrer en conflit avec son beau-père. C’est seulement
après avoir reçu une instruction divine que Yaacov prépara ses épouses
au départ en leur expliquant combien leur père « s’était
moqué de lui et avait réduit son salaire des dizaines de fois » (Berechit
31
:7).
En fait, Léa et Rachel ainsi
que leurs enfants n’étaient pas du tout au courant de l’attitude fourbe
de Laban car Yaacov s’était retenu de provoquer toute mésentente au
sein de la famille…
Les Commentateurs expliquent que
Yaacov finit par les informer de ses déboires pour justifier leur départ.
Il est important d’apprécier l’incroyable résistance de Yaacov à
supporter, en silence, les malversations constantes de Laban; et cela grâce
uniquement en sa foi inconditionnelle en l’Eternel.
Ainsi nous apprenons de la conduite
de Yaacov que si une personne s’en remet à Hachem et croit fermement
que personne ne peut « lever un doigt » dans ce monde sans Son
intervention directe, il trouvera la force d’endurer toutes les épreuves
et il n’éprouvera plus le besoin de s’emporter ou de réclamer vengeance…
Rabbénou Tam disait : «
une
personne qui sait patienter et se retenir ne le regrettera jamais » (Sefer
Hayachar, Shaar 6).
De plus, Rabbi Haïm de Volotzin
écrivait qu’à travers la patience on pouvait obtenir beaucoup plus
de résultats positifs que par la force ou la violence…
Abraham Mordehaï Alter, l’Admor
de Gour, était un homme connu pour sa patience remarquable. Il voyageait
un jour en train et quand fut arrivée l’heure de déjeuner, ses assistants
cherchèrent le repas qu’ils avaient préparé à son intention… Ils
cherchèrent longtemps mais en vain…
Rav Yossef, son principal
collaborateur, s’impatienta et lança : « Que
se passe-t-il ? Pourquoi mettez-vous tant de temps à trouver le repas
du Rabbi ?" Celui-ci tenta de le calmer « ne
comprenez-vous pas » dit-il « le
verset dit clairement : Tous les yeux se lèvent avec espoir vers Toi et
Tu leur donnes leur subsistance en son temps (Psaume 145 :15). A l’évidence,
il n’est pas encore temps pour moi de manger. »
Vayetse
L’important et l’accessoire
« … Et
Il me donnera du pain à manger et des vêtements pour me couvrir… »
( Berechit 28 : 20).
Pourquoi Yaacov ne dit-il
pas plus simplement « Il me donnera de la nourriture
et des vêtements ? » Les Commentateurs expliquent qu’il
arrive souvent que des gens possèdent des armoires bondées de vêtements
ou des quantités importantes de nourriture mais qu’ils ne sont pas en
mesure d’en profiter du fait de leur état de santé déficient, et c’est
pourquoi Yaacov demanda à l’Eternel de lui procurer lesdits biens en
même temps qu’une bonne santé pour lui permettre d’être en mesure
d’en profiter véritablement.
De ce verset Rabbenou Baya Ibn
Paqouda tire la leçon suivante : on doit demander à Dieu uniquement
ce qui nous est absolument indispensable; si une personne convoite
des plaisirs extravagants et des biens luxueux, elle risque de se prendre
au piège de la course effrénée à la possession matérielle et perdre
de vue sa raison d’être dans ce monde.
Un homme sage craignant Dieu se contentera
du minimum nécessaire et déploiera son énergie et ses efforts à servir
le Créateur. Rabbenou Baya poursuit en précisant que, dans sa Grande
Sagesse, l’Eternel a organisé le monde de telle sorte que les denrées
essentielles soient plus facilement accessibles à l’homme que les produits
superflus ou luxueux…
Yaacov demanda à Dieu de lui accorder
du pain et des vêtements car les Justes ne souhaitent rien d’autre que
ce qui est absolument vital. C’est un principe tellement important de
la Torah que même les Rois d’Israël furent admonestés lorsqu’ils
satisfaisaient avec trop d’excès leur goût du luxe (Chaar Habehina
ch. 5).
Pour sa part, Yaacov était très
riche et fut élevé dans la maison de son père Isaac qui, relate
la Torah, était peut-être même plus riche que le roi Abimelekh.
Et malgré cela, l’accumulation des richesses ne l’attirait pas comme
c’est le cas de la plupart des gens riches… Yaacov Hatsadik ne souhaitait
que « du pain à manger et des vêtements pour
se vêtir ! » (Sfat Tamim : 5).
La Michna (Avot 4 : 1) énonce
« Qui est riche ? Celui qui est heureux de son
sort ».
Ben Zoma tire de ce verset
la leçon suivante : quand une personne est satisfaite du minimum nécessaire
dont elle dispose et travaille en conséquence, elle est digne d’éloges
en ce monde parce qu’elle jouit du fruit de son travail sans avoir à
compter sur les autres et elle sera heureuse dans le monde à venir car
elle n’aura pas perdu son temps à s’adonner à l’acquisition de
biens superflus et, ainsi, elle aura préservé la majeure partie de son
temps à étudier la Torah et à servir l’Eternel (Midrach Shmouel).
Le Hafets Haïm s’assurait
scrupuleusement que sa maison ne comportait rien qui ne lui soit absolument
nécessaire… Dans plusieurs de ses ouvrages (Michna Broura 156 : 2,
Biour Halakha, 529 : 1…) il s’étend sur les conséquences néfastes
de la frénésie de la consommation et de la recherche de la puissance
financière et, comme il le dit « L’argent
ne poussant pas sur les arbres
» il faut consacrer un temps
excessif « pour profiter des bonnes choses de
la vie », or le temps c’est la vie, et la vie c’est
aussi la Torah ! et une heure d’études et de bonnes actions a plus de
valeur que la satisfaction de plaisirs éphémères et illusoires procurés
par l’argent.
Et pourtant, nombreux sont ceux qui
préfèrent délaisser une page de Torah pour se consacrer à enrichir
leur garde-robe ou à embellir leur maison…
Cela peut paraître excessif, mais
lorsque le Hafets Haïm constata que l’un de ses enfants avait installé
de nouveaux rideaux à sa fenêtre il lui dit « Je
peux voir quelques pages perdues de Guemara suspendues à tes fenêtres
», il en fut outré et ne rendit pas visite à son fils pendant plusieurs
mois ! ! !
Berechit
-Noah- Lekh Lekha-Vayera-Haye
Sarah-Toldot-Vayetse-Vayichlakh-Vayechev-
Mikets-Vayigach-Vaye’hi
Toldot
La patience
« Or, Abimelekh partit, avec
un groupe d’amis, de sa ville de Gherar… Isaac leur dit :
«Comment se fait-il que vous veniez à moi alors que vous me haïssez
et que vous m’avez éconduit de votre pays »… Il leur prépara
un festin, ils mangèrent et ils burent »
(Berechit 26 : 26 à 30).
Le Chlah Hakadoch fait remarquer
que Isaac se refusa toujours à entrer en conflit avec des gens de Gherar
malgré leurs nombreuses provocations… Quand les bergers de cette ville
provoquèrent Isaac, il s’en fut tout simplement sans prêter attention
à leurs défis…
Après avoir été expulsé de Gherar,
Isaac fut très surpris de voir arriver Abimelekh et ses amis mais dès
que ceux-ci indiquèrent qu’ils souhaitaient faire un pacte avec lui,
Isaac les accueillit avec beaucoup d’égards.
Une personne ordinaire aurait pu
se sentir tellement blessée d’avoir été chassée qu’elle aurait
cherché la première occasion pour se venger… Isaac, au contraire, retint
sa colère et sagement les écouta attentivement. La conduite de Isaac
illustre comment une personne se doit d’essayer de surmonter ses impulsions
et accorder le pardon à ceux qui l’ont outragée et cela en vue de susciter
la réconciliation, voire l’amitié et la paix.
Le Rambam écrit dans Igueret
Hamoussar : « Sois fier de rester patient car
la patience est la vraie force qui mène au succès. Si tu veux prendre
une revanche tu risques de ne jamais y arriver, et tu te feras du mal,
beaucoup de mal et cela peut durer longtemps, très longtemps; tu risques
de te créer des «retours de bâtons » douloureux, et quand bien même
tu atteindrais apparemment tes objectifs tu serais toujours perdant parce
que tu auras péché envers l’Eternel. Alors qu’auras-tu gagné ?
Un coeur
rempli de haine, vengeur, des nuits sans sommeil et quelle confusion dans
ton esprit ! En fin de compte, tu auras fait étalage de tes inconséquences,
tu auras couru à ta perte, dévoré par ta jalousie et tu regretteras
vraiment de t’être mis dans une telle situation ».
Le Rambam continue : «
Cependant, si tu t’efforces de pratiquer la vertu de la patience, si
tu t’efforces à être plus tolérant, tu susciteras la considération
et le respect de tes ennemis qui regretteront de t’avoir agressé…
et mieux encore, tu influeras sur leur conduite car tu représenteras pour
eux la sagesse et la crainte de l’Eternel »
Le ‘Hida énonce pour sa
part
« Celui qui sait renoncer à son honneur
et à ses privilèges sera pardonné de tous ses péchés » (Roch Hachana,
17a).
Lorsqu’une personne pardonne à
son prochain pour le mal qui lui a été fait, il allège le poids du péché
dans le Ciel… En retour, il sera remboursé
« mesure pour mesure
»
de telle sorte que ses propres péchés seront pareillement effacés…
Comme disent ‘Hazal «
Vis à vis de
qui l’Eternel est-il désigné comme ‘Nossé Avon’ – ‘Pardonneur
d’iniquité’ » ? Vis à vis de ceux qui oublient les injustices dont
ils ont été victimes ».
Une certaine personne tint, un jour,
des propos négatifs au sujet d’un élève de l’Alter de Sabodko, le
Rav
Tzvi Finkel, et de ce fait, lui fit perdre une excellente perspective
de chidoukh. Non seulement, le jeune homme ne put épouser la très belle
jeune femme convoitée, mais il subit encore, de ce fait, de nombreux autres
déboires… Il fut enrôlé dans l’Armée Rouge et souffrit de très
dures épreuves…
Quelques années plus tard, le calomniateur
écrivit au Rav Finkel pour lui avouer qu’il avait été à l’origine
de la rupture du chidoukh, lui demandant d’intervenir auprès du jeune
homme pour lui faire part de ses regrets et excuses…
Dès qu’il reçut le message,
l’étudiant accepta spontanément les excuses demandées et le Rav qui
pensait avoir fort à faire pour convaincre son élève de les accepter,
fut excessivement surpris ! « Es-tu sûr que
tu ne nourris aucun mauvais sentiment à l’égard de ce monsieur ? »
lui demanda-t-il – « Absolument pas, je lui
pardonne de tout mon cœur ! », répondit l’étudiant.
Le Rav débordant de joie l’embrassa
chaleureusement et lui affirma, qu’ayant pu surmonter sa rancune et pardonner
à cet homme qui était à l’origine de la rupture de son chidoukh, il
était assurément un homme particulièrement sage et digne d’éloges
(Tnouat Hamoussar)
.
Haye Sarah
Fuir l’immoralité
« Et je
t’adjure de ne pas prendre une épouse pour mon fils parmi les filles
des Cananéens, au milieu desquels je demeure » (Berechit 24 :37).
Pourquoi Abraham était-il
si inflexible vis-à-vis d’Eliezer pour le choix d’une épouse pour
son fils alors que sa propre famille adorait des idoles ?
Even Ezer explique qu’il y avait
une différence fondamentale entre les Cananéens et les gens de Haran;
les Cananéens avaient des moeurs tellement dégénérées que la Tradition
les qualifie « d’abomination de la terre de
Canaan », alors que l’idolâtrie des gens de Haran ne posait
qu’un problème idéologique. Une idéologie quelqu’erronée qu’elle
soit peut être corrigée alors que l’immoralité affecte la nature profonde
de l’être et se transmet irrémédiablement aux générations futures.
C’est pourquoi, Abraham insista
tant auprès d’Eliezer pour qu’il choisisse pour Isaac une des filles
de Haran qui possédaient, elles, des qualités fondamentales
(Midot
tovot) par rapport aux filles dépravées de Canaan.
La vie de l’homme comporte
une suite ininterrompue de choix, et celui-ci est, peu ou prou, enclin
à aller dans la bonne direction et ce, en fonction des sources auxquelles
il s’abreuve, à l’héritage qu’il a reçu…
C’est ainsi que nos ancêtres
tournèrent le dos aux pratiques des peuples de Canaan parce qu’ils avaient
décelé que leur immoralité accumulée au cours des âges pouvait contaminer
les générations futures jusqu’à ne plus pouvoir y remédier… «
L’Immoralité, la Méchanceté et la Haine sont des maladies héréditaires
que l’on ne peut empêcher de se perpétuer dans la postérité » (Dracha
Ha Ran 5).
Le Roi Salomon confirma ce
principe : « Le juste marche dans son intégrité,
heureux ses enfants après lui » (Proverbes 20 :7).
Nos ancêtres ont cultivé,
eux, la bonté et la générosité à l’image d’Abraham, Isaac et Jacob
et ils se sont battus ardemment pour les transmettre aux générations
futures; ces valeurs essentielles nous ont été transmises et nous
habitent encore aujourd’hui Le
devoir d’un Juif de continuer à travailler et à exercer ces vertus
est un « must » ! ! C’est un principe fondamental du judaïsme.
Le Rav Zisel de Kelm disait
souvent que chaque Juif possède au moins une qualité prépondérante
et qu’à travers celle-ci il pouvait parfaire son caractère; cela est
également vrai, hélas, pour les vices dont un seul, si l’on n’y prend
pas garde, peut conduire à la corruption
totale !
Aussi, toute personne a-t-elle intérêt
à oeuvrer à l’amélioration de ses qualités prédominantes, et à
l’éradication de
ses points faibles (Mihtav Mi
Eliahou Vol. 5).
Il était une fois, un célibataire
qui vivait à Jérusalem avec sa vieille maman. Il lui était très difficile
de trouver une
épouse car il mettait comme condition
que sa mère habite avec le futur couple. Très peu de demoiselles acceptèrent
de le rencontrer du fait de cette
condition préalable. Son entourage s’inquiétait à son sujet… Certains
de ses parents décidèrent de consulter le Rav Schlomo Zalman Auerbach;
ils lui demandèrent d’intervenir auprès du jeune homme
afin qu’il renonce à cette condition
dissuasive.
Le Rav Schlomo Zalman refusa net
! « Comment pourrais-je faire une telle chose
? Je pense qu’il a raison d’insister
pour continuer à s’occuper de sa vieille mère car le plus important
lorsque l’on recherche une épouse est de trouver en elle des qualités
de coeur (midot tovot), toute jeune femme n’acceptant pas cette condition
n’est certes pas généreuse !…
Ce jeune
homme ne fait qu’appliquer le commandement du respect de la mère, aussi
je n’interviendrai pas pour lui faire changer d’avis ! De plus, si
j’agissais dans le sens que vous souhaitez, le jeune homme aura certainement
un ressentiment vis-à-vis de son épouse pour l’avoir obligé à renoncer
à s’occuper de sa mère ».
Quelques mois plus tard, le
Rav Schlomo Zalman rencontra un parent du jeune homme qui lui apprit la
bonne nouvelle. Le jeune homme avait trouvé l’âme soeur ! Le Rav souhaita
vivement voir le jeune homme qui lui rendit visite. Après lui avoir souhaité
un chaleureux Mazal Tov, le Rav Schlomo Zalman lui dit :
« Je pense qu’il est temps de te préoccuper de trouver une bonne maison
de retraite pour ta maman. J’ai compris et admiré ta fermeté, et j’ai
approuvé ta détermination… Cependant, maintenant que tu as trouvé
une jeune femme qui a prouvé ses qualités de coeur, tu dois prendre en
considération qu’il sera très difficile pour votre jeune couple de
supporter la présence de ta maman à vos côtés » (Hameor HaGadol).
Vayera
L’hospitalité
« Vayomer Hachem im matsati khen be’enekha
al na taavor me’al avdekha » Et il dit : »
Mon Maître, si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, s’Il Te plait, ne
passe pas devant ton serviteur » (Berechit 18 :3).
La Guemara Chabat (127b) interprète ce verset en précisant qu’Abraham
sollicite de l’Eternel qu’Il l’attende pendant qu’il est occupé
à accueillir ses invités. Comment savons-nous, demande la Guemara, que
« l’accueil d’un invité est plus important
que le respect dû à Hakadoch Baroukh Hou ? »
Parce que c’est écrit : « Mon Maître,
si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, s’Il Te plait, ne passe pas devant
ton serviteur » rétorque la Guemara.
La mitsva de l’hospitalité est considérée comme une des plus importantes
des nombreuses Mitsvot de la Torah qui font injonction à l’homme «
d’adopter les voies de l’Eternel ».
Ainsi, la Torah décrit-elle abondamment et avec force détails, la
manière dont Abraham recevait ses invités, l’importance de cette mitsva
et la haute récompense qu’elle entraîne. En effet, pour chacune des
attitudes qu’Abraham eut avec ses invités, Dieu en fit de même avec
ses descendants.
Nous sommes, nous mêmes, invités perpétuellement par L’Eternel
dans Son Monde et Il s’inquiète quotidiennement de nos besoins… S’Il
cessait d’agir ainsi, le monde serait voué à une fin inéluctable !
Notre obligation d’imiter l’hospitalité de l’Eternel s’impose
à nous et, ce faisant, nous accomplissons une noble action qui s’inscrit
dans le respect d’un des fondements de la Torah : l’amour du prochain.
Le Hafetz Haïm a tiré de nombreuses leçons de la description
détaillée dans la Torah de la conduite d’Abraham (Ahavat Hessed IIIe
P. chap. 2) :
Si des invités ne se manifestent pas à vous, vous devez aller à leur
recherche pour les accueillir chez vous comme Abraham le faisait lorsqu’il
s’installait devant sa maison pour guetter le passage d’invités potentiels...
Il n’est pas suffisant d’offrir à ses hôtes à boire et à manger;
il convient, à l’instar d’Abraham qui offrait à ses invités de l’eau
pour laver leurs pieds, de permettre à ses convives de disposer de toutes
les commodités pour réparer les fatigues de leur voyage…
Lorqu’un invité craint de déranger son hôte, celui-ci doit lui
dire « je vais très simplement vous offrir quelques
victuailles et vous pourrez ensuite reprendre votre périple ».
Ce faisant, l’invité ne sentira pas qu’il dérange. En vérité, l’hôte
doit préparer pour son invité un repas plantureux avec des ingrédients
de meilleure qualité. Abraham, lui, dit à son invité : «
Je vais vous servir une tranche de pain et ensuite vous pourrez partir
». Mais en fait, il lui prépara, avec empressement, un repas
très copieux… C’est ainsi qu’agissent les Sages : ils parlent peu
et agissent beaucoup !
Un hôte doit également raccompagner son invité avec sollicitude pour
lui manifester la joie qu’il a eu de le recevoir…
Les manifestations d’amour du prochain et de Derekh Eretz trouvent
ainsi leurs plus belles applications dans la réalisation de la mitzva
de l’hospitalité.
Un groupe de personnes qui avait été invité à dîner chez Yossef
Chlomo Kahanemen, le Rav de Poniovitch,
frappèrent à sa porte.
Quand le Rav ouvrit la porte, les invités sentirent qu’ils n’étaient
pas du tout attendus et s’aperçurent, effarés, qu’ils s’étaient
trompés sur la date et qu’ils étaient venus un jour à l’avance !
!
Très confus et embarrassés, ils multiplièrent les excuses et s’apprêtaient
à partir… « Oh non !, s’exclama le Rav Kahanemen,
vous ne pouvez pas savoir combien je suis heureux que vous soyez là ce
soir. C’est un grand bien que vous soyez venus alors que je ne vous attendais
pas; cela me donne la chance de pouvoir exercer véritablement la mitsva
de Akhnassat Orkhim (l’hospitalité). Recevoir des invités après s’être
préparé à les accueillir, ça n’est pas une affaire ! La vraie hospitalité
c’est de recevoir des invités qui viennent sans avertir. Je suis si
heureux que vous soyez venus car maintenant, enfin, je vais savoir si je
suis véritablement en mesure d’appliquer pleinement la mitsva de l’hospitalité.
Merci à vous tous et, s’il vous plait, entrez donc ! » (le
Rav de Poniovitch).
Berechit
-Noah- Lekh Lekha-Vayera-Haye
Sarah-Toldot-Vayetse-Vayichlakh-Vayechev-
Mikets-Vayigach-Vaye’hi
Lekh Lekha
Le pouvoir de la prière
« Vayabor Avram baaretz ad mekom Shekhem ».
» Avram voyagea dans le pays jusqu’au lieu-dit Shekhem » (Berechit
12 :6).
Deux versets plus loin, la Torah rapporte comment Avram fit une nouvelle
halte entre Bethel et Aï où il construisit un autel en l’honneur de
l’Eternel.
Rachi explique que la raison de ces divers arrêts était de
prier pour l’avenir du peuple d’Israël.
Avram vit par prophétie que les enfants d’Israël allaient engager
une guerre contre Shekhem et que Akhan (contemporain de Josué) commettrait
une profanation qui entraînerait la défaite d’Israël à un endroit
situé entre Bethel et Aï, ainsi s’arrêta-t-il pour prier longuement
à leur intention.
“La prière est notre bouclier contre l’adversité”
écrit Rabbi Baya Ibn Pakuda (Kad Hakhemach).
Nos maîtres nous enseignent qu’il convient de “prévoir la
médication avant l’infection” en priant pour l’aide divine avant
même que l’adversaire ne se manifeste.
En fait la Guemara affirme que si Abraham n’avait pas prié
préventivement pour la victoire des Enfants d’Israël, ils auraient
été sûrement défaits aussi bien à Bethel qu’à Aï et qu’aucun
d’entre eux n’aurait survécu ! !
Assurément, par l’effet des prières de nos ancêtres, nous avons
l’heur de survivre malgré la volonté affirmée, au cours des âges,
de nos adversaires de nous supprimer. Nous savons que le moyen de survie
du Juif passe par la “Voix de Yaacov” et que le pouvoir de nos
ennemis passe par les “mains d’Esaü”. Isaac dit à Jacob
: « tu es pourtant plus puissant que ton frère.
Quand Esaü capture son ennemi, il peut le vaincre, mais dès que celui-ci
lui échappe il est impuissant à le combattre ».
A l’inverse, la voix de Jacob a une très longue portée et même
si l’on se trouve à l’autre extrémité du monde, les prières émanant
de n’importe quelle maison d’études ou de prières sont entendues
et entrainent la protection divine. Ainsi aujourd’hui, dans cette époque
troublée, tout Juif a-t-il l’obligation absolue d’appeler l’Eternel
de ses prières pour la sauvegarde du peuple, partout où il se trouve
!
Il y a une vingtaine d’années, lorsqu’un avion de la Sabena avait
été piraté alors qu’il était encore à Lod et que les passagers avaient
été pris en otage, Baba Salé était de passage à Tibériade;
là, il apprit la terrible nouvelle. Extrêmement troublé par cet événement,
Baba Salé s’enferma dans une pièce et commença à demander l’aide
de l’Eternel. Il pria pour la délivrance des captifs et pour l’anéantissement
des pirates. Au cours de sa prière, il lança un immense et douloureux
sanglot qui put être entendu à une très longue distance.
Immédiatement après, la piraterie prit fin !
Pendant ce temps, des rabbins accourus de toutes les régions d’Israël
se précipitèrent au domicile de Baba Salé et furent désappointés d’apprendre
que le Tsadik se trouvait à Tibériade. Ils décidèrent de se rendre
dans cette ville et,
en chemin, ils apprirent que les pirates avaient été éliminés et
les otages libérés.
Quand les rabbins arrivèrent dans la maison où se trouvait Baba Salé,
ils se réjouirent avec lui de la fin heureuse de cette tragédie. L’hôte
de Baba Salé rapporta à ses visiteurs que le Tsadik avait été extrêmement
perturbé et que ses sanglots avaient littéralement « percé les cieux
».
Selon les rabbanim, le mérite et la puissance de la prière de Baba
Salé avaient assurément suscité l’assistance divine.
“Oh non” répondit Baba Salé,
cela
est dû au mérite de mes ancêtres; ils ont surement perçu combien mon
angoisse était peut-être encore plus forte que celle des otages qui étaient
prisonniers dans l’avion”
(Sidna Baba Salé).
Berechit
-Noah- Lekh Lekha-Vayera-Haye
Sarah-Toldot-Vayetse-Vayichlakh-Vayechev-
Mikets-Vayigach-Vaye’hi
Noah
Soyez circonspects
dans vos jugements
« L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour qu’avaient
construits les fils de l’homme » (Berechit 11 : 5).
Rachi : « Etait-il vraiment nécessaire que l’Eternel descende
pour voir ce qu’avait fait le peuple ? Rien n’est caché au Maître
du monde ! Il sait ce qui se passe en tous lieux et Il connaît les pensées
de chaque être humain, à tous moments. Le verset, en fait, transmet le
message suivant : nous ne devons pas tirer de conclusions hâtives ou juger
jusqu’à ce que nous comprenions véritablement une situation donnée
».
Nous retrouvons cette leçon dans « Les maximes des Pères »
(1 : 1) : Les membres de la Grande Assemblée ont émis notamment la
maxime suivante « Soyez circonspects dans vos jugements… ». Ceci
nous enseigne qu’il est recommandé d’analyser avec attention et précision
toute situation avant d’émettre le moindre jugement; et si l’on pratique
de cette manière, il sera possible de remplir aisément deux autres directives
préconisées par nos Sages : « Juge tout le monde avec indulgence
» (Maximes des Pères, 1 : 6) et « Ne juge pas ton prochain tant que
tu ne t’es pas trouvé dans sa situation ».
Peut-être que lorsque l’on verra les choses de son point de vue,
alors on pourra réaliser que notre première perception était tout à
fait erronée.
L’exemple suivant est tout à fait évocateur :
les membres d’une certaine congrégation de Bialystok, désignée
sous le nom de Zehiré Chabat (Gardiens du Chabat) s’étaient
plaints au Rav Ephraïm Chalom au sujet d’une certaine personne,
prétendant qu’ils avaient vu ses attelages transporter des céréales,
aux yeux de tous, le jour du Chabat. Le Rav Ephraïm en fut quelque peu
surpris car il connaissait bien la personne en question qu’il savait
très modeste, pouvant difficilement imaginer que ce pauvre homme possédait
des quantités importantes de céréales. Il décida d’approcher ladite
personne pour lui demander des éclaircissements.
« Dès après l’allumage des bougies » commença l’homme,
«
je marchais tranquillement dans la rue, et bizarrement, je vis deux chevaux
tirant des charrettes pleines de grains, avançant à mes côtés et puis,
j’entendis deux personnes, de l’autre côté de la rue, m’interpeller
vivement : « Profanateur ! » Que pouvais-je faire ? » A ce moment, les
mots de nos Sages « Jusqu’à ce que tu te trouves dans sa situation
» prirent une nouvelle dimension aux yeux du Rav Ephraïm… Si les
protestataires avaient pris la peine de traverser la rue, ils auraient
vu la scène de manière tout à fait différente !
Pendant la première guerre, l’année 1914 fut particulièrement difficile
pour les Juifs de Jérusalem. La pauvreté était telle que les gens luttaient
durement pour survivre. Il y avait cependant un homme, un Mohel (homme
habilité à pratiquer les circoncisions) qui possédait un Napoléon-Or…
de quoi nourrir toute une famille pendant au moins 6 mois… Un jour, le
jeune fils du Mohel découvrit la pièce et, bien qu’il n’en connaissait
pas la valeur, il était certain qu’il pouvait s’acheter suffisamment
de friandises… Il s’empressa d’aller à l’épicerie du coin…
Puis le père réalisa que le Napoléon avait disparu. Il questionna son
épouse qui n’en savait rien. Quand l’enfant revint à la maison, son
père le questionna et l’enfant répondit spontanément « Oui, j’ai
pris la pièce et j’ai acheté des friandises chez l’épicier ».
A ces mots, la mère se précipita chez l’épicier le traitant
de voleur et d’escroc « Comment avez-vous pu accepter de vous faire
payer avec mon Napoléon pour quelques friandises ! Comment avez-vous pu
agir de la sorte ? »
L’épicier rétorqua « Je ne sais pas de quoi vous parlez, votre
fils m’a remis un Chirilé (pièce de petite valeur) pas un Napoléon
! La mère très excitée s’en retourna et demanda à son fils où
il avait trouvé la pièce « Sur l’étagère » répondit-il. «
C’est là que mon mari a mis le Napoléon, hurla-t-elle à l’épicier.
Vous n’êtes qu’un voleur et un menteur ! » Attirés par les éclats
de voix, les passants s’attroupèrent devant la boutique et considérèrent
l’épicier avec hargne et suspicion, malgré l’affirmation de sa bonne
foi…
Le Mohel et l’épicier se retrouvèrent devant le Beth Din et les
dayanim (les juges) imposèrent à l’épicier de jurer, conformément
à la Loi, qu’il n’avait reçu qu’un Chirilé comme il le prétendait.
Mais l’épicier, qui était craignant-Dieu, ne voulut pas se soumettre
à la formalité du serment car il fallait jurer solennellement sur le
nom de l’Eternel, et préféra s’engager à payer la contre valeur
du Napoléon, plutôt que de prononcer sur le Nom divin… Le pire, c’est
que la réputation de l’épicier était maintenant faite et que la plupart
des gens délaissèrent sa boutique, de telle sorte qu’il n’eut pas
les moyens d’assumer son engagement de rembourser la valeur du Napoléon
…
Après la guerre, le Mohel reçut une lettre d’un inconnu qui disait
:
« Il y a quelques années, je marchais dans la rue et vis votre fils
avec une pièce d’or dans sa main. A l’époque, ma famille et moi-même
étions dans une terrible situation et je me dis que si cet enfant se promenait
avec une pièce en or, il devait certainement appartenir à une famille
de gens très riches. Je m’arrangeais adroitement à échanger le Napoléon
contre un Chirilé sans que l’enfant ne s’en aperçut vraiment. Je
n’avais nullement l’intention de voler et j’entendais simplement
emprunter ce Napoléon jusqu’à la fin de la guerre et je m’étais
promis de vous le rembourser, ce que je fais aujourd’hui en vous priant
d’accepter toutes mes excuses ».
La Communauté apprit très vite la vérité et l’innocence de ce
pauvre épicier qui avait tant souffert de la vindicte publique…
La leçon est claire :
nous nous devons de ne jamais tirer de conclusions hâtives et considérer
toutes les circonstances avant de se prononcer sur la conduite de notre
prochain, conformément aux enseignements de nos Sages «
Sois circonspect dans tes jugements, juge tout le monde avec indulgence
et ne juge pas ton prochain tant que tu ne t’es pas trouvé dans sa situation
».
Berechit
Respecter
toutes les créatures
« Zé sépher toldot Adam beyom béro Elokim
Adam bidmout Elokim assa oto…
Voici le Livre des générations d’Adam; le jour où l’Eternel
créa Adam, Il le fit à Sa ressemblance »
(Berechit 5 : 1).
Rabbi Akiba dit que « Aime ton prochain comme toi-même »
est un des principes les plus importants de la Torah
et pour sa part, Ben Azzaï affirme que «Il le fit à Sa
ressemblance » est un principe encore beaucoup plus important
(Talmud Jérusalem, Nedarim 9 : 4).
L’Homme est en effet une pure création de Dieu et il se doit d’être
respecté justement parce qu’il a été conçu et réalisé
par le Roi des Rois.
Supposons qu’un roi « de chair et de sang » demande à ses
scribes de consigner dans le « Livre des Chroniques de la Royauté
», une histoire relative à l’un de ses sujets. A l’évidence,
cela signifie que le roi a beaucoup d’estime pour le sujet en question;
c’est d’autant plus le cas lorsque Hakadoch Baroukh Hou, Lui-Même,
écrit l’histoire de l’homme dans Sa Torah où chaque mot est
choisi et se trouve exactement à la place qui lui revient et que chaque
phrase comporte une multitude d’idées et de leçons qui traversent toutes
les « modernités » !
Il est clair que l’Eternel chérit toutes Ses créatures et nous devons
en conséquence les traiter « toutes » comme des êtres aimés de Dieu.
Le Sepher Orekh Yamim explique de la manière suivante le verset
de la Michna Avot «Qui est digne d’honneur?
Celui qui honore les autres ! » Et comme il est écrit,
«
Ceux qui M’honorent, Je les honorerai » (Samuel, 1 : 2).
En vérité, lorsqu’une personne honore une autre personne, son intention
véritable, même inconsciemment, est d’honorer l’Eternel.
Un être humain, en soi, n’est pas véritablement digne d’honneur
car il est principalement chair et sang; or nous nous devons de respecter
tout individu, notamment grâce à l'étincelle de divinité qu’il véhicule.
Ainsi, lorsqu’une personne respecte son prochain…alors Dieu, en retour,
l’honore.
Le Rebbe de Gour (Lev Simha) avait coutume de dire que les gens
étaient souvent très méticuleux pour accomplir la mitsva du Etrog «
Peri Etz Hadar – Fruit d’un arbre magnifique » mais semblaient souvent
moins enclins à respecter les créaturesdivines au sujet desquelles, pourtant,
le verset dit « Hadar hou lékhol Hassidav - La splendeur à tous ceux
qui lui sont dévoués ».
Et que dire au sujet de la mitsva de « Véhadar pné zakein –
Tu devras honorer la présence des Sages » ?
Les gens ont tendance à oublier que les êtres humains ont été créés
avec une étincelle divine et négligent souvent de les honorer en conséquence.
C’est pour cette raison que la Michna dit que ceux qui honorent leur
prochain seront honorés par Dieu.
Ce faisant, ils confirment qu’ils n’ont pas oublié que chaque
être humain a été créé par le Maître du monde Lui-Même.
Le Rav Yaakov Yossef Herman,
un des pionniers du judaïsme américain, avait l’habitude de recevoir
des dizaines de personnes à déjeuner, le jour du Chabat. Lorsqu’il
revint de la prière, un certain Chabat, il nota que l’un de ses invités
était assis tout seul à une petite table dans un coin. L’invité semblait
dévorer la nourriture en en parsemant une bonne partie autour de l’assiette,
de telle sorte que les autres invités l’avaient cantonné au fond de
la pièce afin qu’il continue ses agapes tout seul.
Le Rav Yaakov Yossef se lava les
mains et, au lieu d’aller s’installer à sa place habituelle, à la
tête de la table d’hôte, il prit une chaise et la traîna à travers
la pièce pour aller s’installer à la table de « cet invité indésirable…
».
« Rav Yaakov Yossef ! ! s’écrièrent
les autres invités, pourquoi ne vous installez-vous pas à la tête de
la table comme à votre habitude ? ».
« Je ne crois pas que Rav Méir
souhaite
manger tout seul », dit tranquillement le Rav Yaakov Yossef.
Les invités continuèrent à inciter
le Rav à venir s’installer à sa place habituelle… Il finit par accepter,
emmenant, bien évidemment, avec llui Rav Méir à la tête de la table,
à ses côtés. |