C'est le moment où on ferme les portes car le jour baisse.
Comme le crépuscule est à son terme,
nous frappons de toutes nos forces aux portes du Roi.
Les portes de la grâce ne sont pas verrouillées,
car nous avons demandé à voir le Roi.
Même quand nous avons sa faveur,
notre prière s'élève jusqu'aux portes du Palais du Roi.
Notre bien aimé est assis à la porte du Roi
et il nous comble de bonheur et d'allégresse.
Remercions celui qui garde les portes du témoignage car le jour baisse.
Ouvre nous une porte!
Le jour décline et le soleil aussi!
Cette supplication nous introduit d'emblée dans l'univers
des séfirot, dans l'antichambre du Roi, là où notre
bien aimé "dody" garde l'entrée des portes, celles ci étant
les deux séfirot représentées par la lettre
"hé", image du souffle vers le haut et signe du féminin.
Le premier "hé", appelé le hé d'en Haut est
"do" car il s'écrit dalet-waw, la porte du waw, le premier hé
du tétragramme yod-hé-waw-hé. Il est placé
dans la séfirah
"Binah" ou le "Discernement". Il est la porte entre le monde
divin qui commence à "Hokhmah" ou la "Sagesse" et le monde intermédiaire
représenté par le waw de la
séfirah centrale "Tifeéret" ou "Beauté".
Le deuxième "hé", appelé hé d'en Bas
est "dy", car il s'écrit dalet-yod, la porte du yod, le second hé
du tétragramme. Il est placé dans la séfirah "Malkhout"
ou le
"Royaume". Il est la porte entre le monde matériel et
le monde intermédiaire, représenté ici par la séfirah
"Yésod" ou "Fondement".
D'une façon plus graphique, nous avons la disposition suivante
des séfirot.
AYN SOF OR
SUPRÊME COURONNE ou KETER
-aleph-
DISCERNEMENT ou BINAH --SAGESSE ou H'OKHMAH
-hé- -yod-
(Connaissance - Daat)
- noun-
----------------- ------------------
RIGUEUR ou GVOURAH --MISÉRICORDE ou H'ESSED
BEAUTÉ ou TIFEÉRET
-waw-
RÉVERBÉRATION ou HOD --VICTOIRE ou NETSAH'
FONDEMENT ou YESSOD
-yod-
ROYAUME ou MALKHOUT
-hé-
------------------------------------------------------------
ANY
Moi
COMMENT CONSTRUIRE UN ARBRE DE VIE
Quatre principes président à l'agencement des attributs divins ou "séfirot" dans l'Arbre de Vie.
Le "Bas" a été créé à limage
du "Haut": le repère inférieur "Royaume" ou "Malkhout", appelé
aussi présence divine ou "shékhinah" est une copie du royaume
céleste,
dont une image est la "Couronne" ou "Kéter", repère
du sommet de l'arbre. Cette copie, appelée parfois aussi "couronne
du bas", est tombée, s'est renversée puis
s'est dégradée. La voie reste ouverte à
un retour, à la recherche du royaume perdu. Les deux couronnes sont
les deux interfaces, l'une avec le monde divin, l'autre
avec le monde humain.
La "droite" et la "gauche" ne sont pas identiques. Quoique différentes
dans leur nature, les deux parties sont complémentaires et nécessaires
pour obtenir l'équilibre
du milieu, malgré la fugacité et la précarité
de ce dernier.
La droite et la gauche expriment trois niveaux de l'être.
Le premier niveau est lié à l'esprit et à la compréhension
sensible des choses; à droite, l'intelligence globale, la
"Sagesse", ou "H'okhmah"; à gauche l'intelligence analytique
qui permet de juger et de construire, appelée "discernement" ou
"Binah". Le deuxième niveau caractérise
l'affectivité, l'émotion et la façon d'agir:
à droite, le repère de la "Miséricorde" ou de la mansuétude,
appelé "H'essed" et à gauche, celui de la "Rigueur" et de
la loi,
appelé "Gvourah" ou "Din". Le troisième niveau
suggère la vitalité dans l'action et dans la transmission:
à droite, la permanence, l'éternité, l'espoir et la
gloire, repère
appelé "Victoire" ou "Netsah'", côté miséricorde;
à gauche, la majesté les honneurs et l'écho ou le
retentissement de l'action, repère appelé "Réverbération"
ou
"Hod", côté rigueur.
La voie médiane qui lie les deux couronnes de l'arbre a
aussi une double centralité. Le repère central, appelé
"Beauté" ou "splendeur", "Tifeéret" en hébreu, est
traversé par tous les cheminements entre les repères;
il représente l'équilibre suprême du coeur, la beauté
du centre, le lien entre le haut et le bas, la droite et la
gauche. Plus bas, le repère du "Fondement" ou "Yésod"
est la base de reproduction de l'arbre et le secret de la stabilité
de l'édifice. La voie médiane qui joint ces
deux centres s'élève vers l'unité du "haut"
et plonge dans la multiplicité du "bas".
L'unité du haut contient implicitement deux aspects complémentaires
appelés masculin et féminin qui se différencient entre
la droite et la gauche ainsi qu'entre le haut
et le bas, entre le coeur de l'arbre appelé "prince" et
sa racine, appelée "princesse". La multiplicité du bas est
à l'image du monde matériel créé. De ce fait,
le repère
"Royaume" a plusieurs désignations dont "présence
divine", "communauté d'Israël", "princesse".
L'Arbre de Vie est soumis à un double mouvement de montée
et de descente. On chemine entre les repères et entre les colonnes
extrêmes pour trouver l'équilibre
dans la voie du milieu. On oscille en zigzag entre la rigueur
et la miséricorde et réciproquement dans les deux sens. La
lumière d'en Haut descend et illumine l'arbre:
elle est appelée l'éclair étincelant. Elle
traverse le miroir transparent du repère "Beauté" et se réfléchit
dans le miroir opaque du repère "Royaume" et remonte,
diminuée en intensité, en parcourant le chemin
inverse. Chaque repère ou vase reçoit et transmet cette lumière,
en lui communiquant ses caractéristiques propres.
L'Arbre de Vie est une image mystique, reflet des profondeurs
de l'être dans sa recherche de la compréhension du monde divin.
Il y a ainsi une transposition
permanente entre ce qui est supposé être humain
et ce qui est supposé être divin: pour éviter tout
anthropomorphisme pouvant conduire aux extrémités de l'idolâtrie
ou de la vacuité de Dieu, cet aller et retour est appelé
" monde intermédiaire", ou la juste distance.
TROIS COLONNES
Pour se fixer les idées, les dix séfirot sont réparties
sur le plan vertical entre trois colonnes. Equilibre entre celle de droite
et celle de gauche, et en même temps leur
synthèse, la colonne du milieu comprend de haut en bas
quatre repères, quand les deux autres n'en comptent que trois.
La colonne médiane est celle de l'équilibre
Tout en haut, la "Couronne" intercède entre le monde divin
et le monde intermédiaire, entre "Ayn sof", le "sans limite" et
l'édifice que l'on construit. Tout en bas, le
"Royaume" est l'interface par lequel l'agencement des séphirot
en "arbre de vie" touche terre. L'Arbre de Vie est délimité
verticalement par ces deux repères. On a
vu que sur la colonne du milieu, deux repères constituent
des points de passage ou des points de rencontre: la "Beauté" qui
est un creuset des épanchements et une
plénitude, et le "Fondement", appelé le repère
du Juste, qui assure la stabilité de l'édifice et sa reproduction.
La colonne du milieu comprend aussi un repère non décompté,
en pointillé en quelque sorte, ne faisant pas partie de l'agencement
classique des dix séfirot, mais qui
constitue une synthèse et un lien entre les deux séfirot
supérieures de l'esprit "Sagesse" et "Discernement": la "Connaissance"
(du divin) ou "Daa't". Cette séphirah est
cachée, car elles est infuse et n'a pas besoin d'apparaître
en tant qu'attribut divin ou repère séphirotique. Dans certains
développements, elle peut se substituer à la
"Couronne" dont elle est l'aspect extérieur exprimé.
On trouve aussi des agencements où les deux séfirot supérieures
"Sagesse" et "Discernement" sont alignées
verticalement sur la colonne médiane entre "Couronne"
et "Beauté".
Les colonnes extrêmes sont duelles
La gauche et la droite sont apparemment symétriques par
rapport à la colonne médiane, mais en fait, elles n'ont ni
le même contenu ni la même signification. La
réalité du monde matériel est asymétrique
sinon ce monde n'existerait pas. Il en est de même du monde intermédiaire,
construction de l'esprit humain. Celui-ci n'est
pas neutre vis-à-vis de notions de gauche ou de droite.
La droite est juste, gracieuse; elle est le bon côté. La gauche
est sinistre, rigoureuse, laborieuse; elle est la
voie malaisée. Cette différencia-tion entre la
droite et la gauche n'entraîne aucun jugement de valeur, comme il
n'y en a pas entre le haut et le bas de l'arbre,
l'ensemble constituant une seule et même totalité.
La colonne de droite est appelée le pilier de la miséricorde
ou de la compassion et elle comprend trois séfirot de haut en bas:
"Sagesse" ou génie, inspiration, idée,
"Miséricorde" ou grâce, amour, charité et
"Victoire" ou éternité, durée, espoir, gloire, patience.
Cette colonne dite "active" est caractérisée par les séfirot
qui y sont
contenues, contribuant à l'action et faisant évoluer
la création.
La colonne de gauche est appelée le pilier de la rigueur
ou de la justice et elle comprend trois séphirot qui font face à
celles de la colonne de droite: "Discernement"
ou intelligence, dévoilement de la connaissance par la
raison, analyse, "Rigueur" ou courage, force de jugement, châtiment,
"Réverbération" ou majesté, splendeur,
honneur. Cette colonne est dite "passive" parce que les séfirot
qui y sont contenues aident à comprendre et à discerner,
et, en marquant une pause, permettent de
juger et de fixer des limites à l'action.
Cheminement sur les colonnes
Les dix séfirot ont des relations permanentes entre elles,
de haut en bas et de droite à gauche et vice et versa, en zigzag
ou en spirale. Chacune d'elle est le vase
d'épanchement de la précédente et la source
d'alimentation de la suivante. C'est dans ce sens que certains exégètes
parlent de séfirah, à la fois masculine et féminine,
donnant et recevant en même temps.
Ainsi un mouvement ascendant ou descendant est créé
le long des colonnes et entre elles. Dans ce mouvement on recherche un
équilibre sur la colonne du milieu;
mais cet équilibre est ponctuel et précaire, vite
détruit. Un excès de miséricorde ou de compassion
entraîne un mouvement ascendant et, de même, un excès
de
rigueur ou de jugement entraîne le mouvement inverse.
Les trois séfirot supérieures sont considérées
comme inaccessibles à l'esprit humain et, de ce fait, le "Discernement"
est vu comme une porte d'entrée (ou de sortie)
de l'Arbre de Vie. La séphirah "Couronne" est déjà
dans la sphère divine et, de ce fait, rarement mentionnée
dans la littérature de la Qabalah. Comme on l'a vu, elle
est remplacée par la "Connaissance". Celle-ci est la synthèse
entre la "Sagesse", où s'est fixé la semence "yod", point
primordial d'où est issue la Création, et le
"Discernement", sein maternel d'où coule le flux qui alimente
les sept séfirot inférieures, accessibles à l'esprit
humain.
LES VIBRATIONS ET LES "SPHÈRES" DE L'ARBRE DE VIE
Vibrations
Les dix séphirot se répartissent en niveaux selon
quatre "sphères". Ces différents niveaux ou sphères
vibrent, en ce sens qu'elles descendent et montent selon un
rythme et une certaine cadence liés à l'esprit,
à la sensibilité et au niveau de celui qui cherche. On peut
imaginer que tout ce qui est créé vibre d'une certaine manière,
l'univers ayant été globalement créé
dans une vibration, dès l'origine. Cette vibration se poursuit en
toute chose , en toute action et en toute pensée. L'Arbre de Vie
est l'image de cette vibration.
Le mouvement entre séphirot a lieu selon quatre règles,
de haut en bas. La volonté d'en Haut s'exprime dans une émanation
vers le bas, vers un accomplissement de
la lumière vers la matière, cette descente étant
appelée l'éclair étincelant. Le passage de la colonne
active vers la colonne passive se fait directement à l'horizontale,
sans changement de niveau, comme si une réflexion s'installait
après l'action, une interrogation après la formation du concept.
A partir de la colonne passive,
l'évolution est une descente vers l'équilibre du
milieu, pour une respiration et, après ce repos, la descente se
poursuit vers la colonne active, en vue d'un nouveau
cycle. Les séphirot sont agencées autour du noeud
"Fondement", de façon à engendrer d'autres "arbres de vie",
l'un s'emboîtant dans l'autre autour de ce noeud
générateur.
La sphère d'émanation
Dans l'immobilité et l'indifférenciation du sans-limite
"ayn sof", une volonté s'exprime dans un double mouvement simultané
de retrait et d'émanation. Le déclic,
appelé "Cause des Causes", est un secret insondable. La
Tradition rapporte des explications anthropomorphiques, telles que "désirant
se contempler, Dieu projeta
de créer un univers à son image". L'éclair
génial et étincelant de l'"émanation" ou "atsilout"
touche le monde séphirotique au repère de la "Couronne".
Il s'agit de la
première sphère, celle du génie conceptuel,
du feu sacré, à la fois lumière et chaleur. Elle a
comme couleur le blanc, ou plutôt une clarté sans couleur,
de la pureté du
saphir. La séphirah "Couronne" intercède entre
cette volonté conceptuelle d'en Haut et le résultat d'en
Bas.
La sphère de la création
Première étape après l'émanation,
cette sphère englobe les six premières séfirot, passant
par des phases successives d'expansion et de contraction, entre le repère
du sommet "Couronne" et le coeur de la "Beauté". Cette
sphère de la "création" ou "béri-ah", de couleur bleue,
est celle de la profondeur inconnue, de l'inspiration,
de l'air.
La sphère de la formation
La "formation" ou "yétsirah" est l'oeuvre. Elle est de
couleur violette et baigne dans l'instabilité, dans la transformation
permanente. Cette sphère n'est pas autonome
car elle dépend de la précédente, la "création",
et de la suivante, l'"action". Elle est entre les deux sphères et
elle baigne à la fois dans les deux sphères, entre le bleu
et le rouge, et le mélange des deux couleurs. Comme la
précédente, la sphère de la "formation" comprend six
séphirot, dans une même vibration vers le bas; trois
séphirot appartiennent à la sphère de la
"création", et trois autres à celle de l'"action". La "formation"
n'a rien en propre; elle est la fin de la "création" et déjà
le début
de l'"action". Pourtant elle est une étape indispensable
et incontournable.
La sphère de l'action
La dernière sphère est celle de l'"action" ou "a'ssiyah".
Elle est de couleur rouge écarlate, couleur de la terre qui a donné
la vie à l'être humain. Le cheminement dans
la sphère de l'"action", à travers les cinq dernières
séfirot, a deux phases d'expansion et une phase de contraction.
La vibration commence au repère "Beauté" et se
termine à la base de l'arbre, le "Royaume", là
où l'éclair étincelant touche terre après une
série de vibrations, allant du concept à la chose concrète.
Images
Pour rendre ce cheminement plus compréhensible à
l'esprit humain, on peut imaginer un poète, un peintre ou un compositeur
dans un processus créatif. Sans volonté
de faire, il n'y a pas de processus créatif et la volonté
précède l'idée. L'idée de faire est l'émanation:
l'artiste est au stade du besoin de créer, de l'intention de
concevoir. Ensuite, il jette sur le papier ses pensées,
il esquisse les premiers traits ou les premières notes. Il est au
stade de l'enfantement douloureux de la création.
Après la première esquisse, il ordonne son rythme,
les couleurs donnent vie au dessin, après plusieurs approches successives,
la musique prend une cadence qui
commence à émouvoir. Il s'agit alors de l'enfance
ou déjà de l'adolescence. Puis l'oeuvre prend une forme achevée
et définitive, celle pour laquelle elle est exposée,
produite ou publiée, pour être vue, lue ou entendue
par le plus grand nombre. L'adolescent est devenu un adulte.
Mais cette fin n'est peut-être qu'un début. Grâce
et autour du "Fondement" solide et stable qui a été construit,
l'artiste peut édifier d'autres oeuvres s'emboîtant les
unes dans les autres. Le poète ou le compositeur développent
une série héroïque, le peintre ou le réalisateur
déroulent une gamme ou un thème spécifique.
Ainsi, autour du "Fondement", d'autres arbres naissent, ayant comme "Couronne", le noeud générateur de l'arbre précédent.
L'Arbre de Vie n'est pas seulement un lieu commode de rencontre
spirituelle. Il est aussi le support décimal et symbolique des manifestations
de la vie. Les rites et
les fêtes de la tradition biblique, l'organisation de la
société ainsi que l'architecture des lieux de culte ont des
agencements se confondant avec les repères
séphirotiques. De même de nombreux aspects de la
vie profane peuvent trouver leur représentation vivante et schématique
dans les repères de l'Arbre de Vie.
Albert SOUED - février 1995
Nous remercions Mr Albert SOUED pour son travail remarquable
LES SÉFIROT SONT TIRÉES DE
LA BIBLE
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