H'essed
La miséricorde H'essed est citée près de 250 fois dans la Bible mais la première citation se trouve dans la Genèse et concerne les relations entre le patriarche Abraham et sa femme Sarah. Quand il entre à Gerar, au royaume philistin d'Abimelekh, pour y demeurer, Abraham demande à Sarah, comme une faveur, de le présenter aux autorités locales comme étant son frère et non comme son mari. En effet, il était d'usage à cette époque qu'un roi local s'empare d'une belle femme et tue son époux; par contre, si l'homme qui l'accompagne n'est que son frère, il est épargné. Abraham demande ainsi la miséricorde à sa femme, la vie sauve. De plus ce n'était pas un mensonge, car Sarah était la fille de son père (et non de sa mère) et à cette époque, l'union était autorisée dans cette configuration.
Genèse 20/13: "Or lorsque D. me fit
errer loin de la maison de mon père, je lui dis (à Sarah):
voici la grâce que tu me feras. Dans tous les lieux où nous
irons dis que je suis ton frère!"
La citation qui suit se situe dans le même contexte du trio Abraham - Sarah - Abimelekh mais cette fois-ci, Abimelekh, dont la cour est atteinte d'une grave épidémie et qui est lui-même menacé de mort par l'Ange divin, renonce de ce fait à ravir Sarah à son époux. Souhaitant s'installer dans la région, Abraham creuse un puits dont les Philistins s'emparent. Il se plaint auprès d'Abimelekh. Pensant avoir agi correctement à son égard, puisqu'il ne lui a pas ravi Sarah, Abimelekh exige d'abord d'Abraham un serment de fidélité, avant d'intervenir pour le puits. Abraham lui offre alors sept brebis comme gage du serment, mais aussi comme preuve qu'il a creusé un puits et que celui-ci lui appartient; c'est le "serment au puits" de Beer Shewaa'.
La miséricorde de la première occurrence est en fait la grâce. Celle de la seconde est la "faveur du ciel", puisque grâce à l'ange divin qui a menacé de mort Abimelekh, le couple patriarcal a été épargné. Abimelekh a accaparé la grâce divine pour la mettre en avant et obtenir le serment d'Abraham (Genèse 21/23).
Dans les autres parties de la Bible, H'essed est la grâce qui fait suite à une injustice ou qui précède un voeu, une prière, une supplication. Elle est liée à la piété, la bonté, la charité, la bienveillance, l'affection, la reconnaissance, la faveur, la pitié… Il s'agit toujours d'une action ou d'un défaut d'action liés à un événement ou à une relation. Il y a toujours une réciprocité un échange et souvent la miséricorde est liée à la recherche de la vérité "émet".
Sur le plan sémiologique, il s'agit d'un sentiment qui "coule du sein, du cœur", du sein maternel ou du cœur paternel. La cigogne qui est réputée avoir beaucoup d'affection et de charité pour ses petits s'appelle "h'assidah". Un homme pieux et bon s'appelle "h'assid.
Une mot voisin est employé au lieu
de h'essed, "rah'amim", la compassion. Ici l'image est celle du vautour
protégeant ses petits ou la matrice donnant la vie. Ici aussi les
premières occurrences du mot dans la Genèse se trouvent dans
des situations de relations tendues et fortes, dans les rapports entre
Joseph et son père Jacob et ses frères (Gen 43/14-30). Rah'amim
est liée à l'indulgence, au pardon, à la pitié,
à la clémence.
Gvourah
Ce mot apparaît une soixantaine de fois dans la Bible et la première fois dans l'épisode du Veau d'Or. Moïse descend de la montagne où il vient de recevoir les Tables de la Loi. Il entend les clameurs des Hébreux et leurs chants. Il essaye de les interpréter, en écartant l'hypothèse de cris ou de chants de la victoire. En fait, ce sont les hurlements affligeants d'une décadence, du retour à l'adoration idolâtre. Les Hébreux viennent d'ériger un veau d'or.
Exode 32/18: "Moïse répondit: ce n'est point le bruit d'un camp de la gloire, ce n'est point le cri annonçant une défaite, c'est une clameur affligeante que j'entend"
Ici "gvourah" exprime l'inverse du laisser aller, de l'indulgence, de la défaite. Il s'agit de la rigueur de la force victorieuse.
La deuxième occurrence se trouve
dans Deutéronome 3/24 où la rigueur est liée ici à
l'action, et elle exprime la force et la puissance divine: "Seigneur Eternel!
Déjà tu as rendu ton serviteur témoin de la grandeur
et de la force de ton bras; et quelle est la puissance dans le ciel ou
sur la terre qui pourrait imiter tes œuvres et tes merveilles!"
La plupart des mentions de Gvourah, la Rigueur, se trouvent dans les Prophètes et les Psaumes et ont signification la force, la vigueur, la gloire, la puissance, notamment celles de D.
Cet attribut est également lié à la grandeur "gdoulah". Sur le plan sémiologique "gvourah" est la force masculine du jeune adulte sortant de l'adolescence et du milieu familial et allant affronter les forces sauvages extérieures, le lion venu boire à la source d'eau. Sur le plan symbolique, la rigueur de gvourah est de couleur brune.
Gvourah et gdoulah apparaissent avec les
trois séfirot suivantes dans 1Chroniques 29/11 où David parle
de D. devant l'assemblée d'Israël. Il semble ainsi de ce fait
que les séfirot ou attributs divins aient pris forme à l'époque
de la rédaction des Chroniques, soit 4/5 siècles avant l'ère
courante.
Tifeéret
Les deux premières occurrences de Tifeéret, la Beauté se trouvent dans l'Exode pour qualifier le vêtement sacré du grand prêtre Aharon et de ses fils. Tifeéret est le symbole de la majesté de la fonction de prêtres, car, à travers le sacerdoce, ces hommes sont consacrés à D. Ils doivent être le reflet de la beauté et de la majesté divine.
Exode 28/2-40: "Tu feras confectionner pour ton frère Aharon des vêtements sacrés, insignes d'honneur et de majesté" - "Pour les fils d'Aharon également tu feras des tuniques, et pour eux aussi des écharpes, puis tu leur feras des turbans, signes d'honneur et de dignité"
Aharon et ses fils portent ces vêtements, décrits et confectionnés avec beaucoup de précision, avant d'entrer dans la Tente du Rendez Vous ou lorsqu'ils s'approchent de l'autel.
On rencontre une cinquantaine d'autres citations essentiellement dans les Prophètes, les Proverbes et les Chroniques pour signifier la parure, le décor, l'ornement, la gloire, la beauté, la lumière, la magnificence.
Au centre de l'Arbre de Vie, "Tifeéret" est souvent liée à la couronne d'en Bas "Malkhout" représentée par l'expression "athéret". Elle est parfois aussi associée aux deux séfirot du niveau prophétique "Netsah'" et "Hod", quand on parle du roi David.
Sur le plan sémiologique, Tifeéret est le signe de la lumière qui traverse, incidente ou réfléchie par le miroir d'en Bas, Malkhout. Attribut central, la Beauté est le lien entre le haut et le bas de l'Arbre de Vie. Tifeéret amplifie la lumière qui la traverse et cette lumière est aussi le verbe, la parole, la prière…
Les qabalistes y ont vu l'aspect immanent
et masculin du divin, le Prince, et aussi le lien central Waw du tétragramme
"yod-hé-waw-hé".
Netsah'
La première occurrence de cet attribut est tardive puisqu'on ne la trouve que dans le livre de 1Samuel 15/29: "du reste le protecteur d'Israël n'est ni trompeur ni versatile, ce n'est pas un mortel pour qu'il se rétracte…"
Cet attribut est "le protecteur d'Israël". Les circonstances de l'occurrence de Netsah', la Victoire, sont liées au péché du premier roi d'Israël, Saül. Le roi regrette déjà sa transgression et la confesse à son protecteur, le juge Samuel. Celui-ci lui annonce alors que D. lui arrache la royauté qu'il lui avait accordée, non par versatilité, mais pour "protéger Israël". Saül venait d'épargner Agag, roi d'A'maleq, ennemi implacable d'Israël (ennemi intérieur ou extérieur). Samuel accomplit l'acte que Saül, par peur ou par faiblesse, ne réussit pas accomplir, "tuer A'maleq", obtenir la "Victoire" sur lui! A'maleq représente le mal absolu extérieur ou en soi. Si A'maleq est épargné, Israël est en danger. D. apparaît ici comme le protecteur d'Israël.
Or Netsah' signifie Victoire, ou la durée, l'éternité. Quels sont les rapports avec cette protection? D. est la victoire contre l'Autre Côté, le Mal, et ceci dans la durée, éternelle, infinie et dans le but de protéger Israël. Netsah' est la victoire sur l'impureté de la mort. Netsah' est un attribut du côté de la miséricorde, il est aussi la victoire durable de l'innocence.
Sur le plan sémiologique, Netsah' est la lumière qui brille d'une façon claire et limpide, la lumière primordiale et éternelle. Sur le plan symbolique, on a l'image du faucon (nets) sur la muraille (h'et), celle de la Victoire et de l'Eminence.
Les qabalistes y ont vu les lèvres
qui s'entrouvrent pour prier, le début de l'esprit prophétique,
la victoire sur ses propres instincts maléfiques.
Hod
La première occurrence de Hod, la réverbération se trouve dans Nombres 27/20: "Tu lui communiqueras une partie de ta majesté, afin que toute l'assemblée des enfants d'Israël lui obéisse", au moment où D. recommande à Moïse, avant sa mort, de transmettre à Josué une partie de sa splendeur.
La vingtaine d'autres citations se trouvent dans les Prophètes, les Psaumes et les Chroniques et ont pour sens la majesté, la gloire, l'éclat, la magnificence et la splendeur.
Le mot "hod" a pour sens commun la résonance, la réverbération avec un lien avec la parole prophétique qui se transmet grâce au charisme ou à l'exaltation ou par un être dont l'âme est élevée. Hod est aussi le halo de l'action humaine, qu'elle soit prière, étude ou générosité envers l'autre; il est aussi l'écho attendu de cette action.
Sur le plan sémiologique "hod" est à la fois une fenêtre et une porte, une fenêtre laissant passer le souffle de l'esprit ou une porte ouverte vers l'extérieur. La qabalah a vu dans hod le niveau de la voyance, l'esprit saint, l'attribut lié à l'archange Michaël, celui qui protège Israël.
Hod est du côté de la rigueur
et des honneurs, c'est aussi un écho pesant d'une gloire ou la lourde
résonance d'une majesté.
Yésod
La première occurrence parmi la vingtaine de citations bibliques se trouve dans Exode 29/12: "tu prendras de son sang, que tu appliqueras sur les cornes de l'autel avec ton doigt: et le reste du sang tu le répandras dans la réceptacle de l'autel". Yésod désigne le réceptacle du sang du sacrifice, le fondement de l'autel.
Les autres citations ont pour sens le fondement ou la restauration de ce fondement.
Sur le plan sémiologique, Yésod a pour sens la "réalisation du secret" , c'est à dire sa transformation concrète par la révélation. La centralité de cet attribut divin le désigne comme un passage vers le monde humain, à travers la dernière séfirah Malkhout, le Royaume.
Les qabalistes y ont vu le Yod d'en Bas,
l'immanence du divin par sa divulgation, mais aussi, le niveau du Juste,
fondement du monde créé. Yésod est l'exutoire des
épanchements supérieurs avant leur déversement dans
la dernière séfirah Malkhout.
Malkhout
Le royaume Malkhout est cité plus de cent fois dans la Bible. La seule citation du Pentateuque est dans Nombres 24/7: "La sève ruisselle de ses branches (Bilaa'm prophétisant et parlant d'Israël), et sa graine est abondamment arrosée, son roi est plus grand que n'est Agag (roi d'A'maleq), sa royauté est souveraine!…".
Bilaa'm est un prophète étranger chargé par le roi Balaq de maudire Israël. Or, de ses lèvres sortent des paroles de bénédiction. Comme pour la première séfirah Kéter, on assiste ici aussi à un renversement du sort.
La plupart des autres citations sont dans les Psaumes pour désigner le Royaume de D., mais aussi dans Esther comme on l'a vu avec Kéter, dans Daniel et les Chroniques. Le sens commun de Malkhout est aussi bien la royauté que le royaume.
Sur le plan sémiologique Malkhout est l'élévation de la matière par le signe, c'est à dire que le monde matériel s'élève par l'étude des symboles et des signes cachés.
Les qabalistes y ont vu l'aspect féminin de l'immanence divine ou Shékhinah, le "hé" du bas, l'exutoire de tous les flux de l'Arbre de Vie, la Communauté d'Israël…
Cette séfirah est aussi appelée
"a'théret" ou diadème, la couronne d'en Bas. Elle entoure
la Présence divine ou Shékhinah comme d'un lit de fleurs.
A ce niveau se situe l'âme vitale "néfesh", l'âme animale,
premier niveau de prise de conscience dans le processus d'élévation.
Au terme de ce parcours, on peut noter la
différence numérique entre les valeurs de Kéter (620)
et de Malkhout (496) qui est de 124, soit la définition même
de la structure de l'Arbre de Vie: l'unité du concept divin, la
dualité des pôles entre lesquels on se meut dans les différents
sens (bas-haut, gauche-droite), le ternaire des trois colonnes dont celle
de l'équilibre central (1+2), le quaternaire par le nombre des univers
successifs parcourus, de la conception à l'action en passant par
la création et par la formation. La valeur 124 est aussi celle de
deux mots significatifs: "e'den", le jardin qui coïncide avec le monde
intermédiaire que nous venons de parcourir et qui est le refuge
des qabalistes et de ceux qui entreprennent l'ascension de l'Arbre; "lapid",
la torche ou la lumière nécessaire pour éclairer l'ascension
mais aussi celle qui est reflétée par ces êtres hors
du commun, les Justes, dont le visage resplendit comme une torche.
Albert SOUED - février 1995
Nous remercions Mr Albert SOUED pour son travail remarquable
LES SÉFIROT SONT TIRÉES DE
LA BIBLE
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