Les 5 livres de la Thora.
Commentaires du Kountrass
Genèse
Béréchit |
Exode
Chémote |
Lévitique
Vayiqra |
Nombres
Bamidbar |
Deutéronome
Devarim |
Béréchit Noa'h Lekh Lekha Vayéra 'Hayé Sara Toledote Vayetsé Vayichla'h Vayéchév Miqéts Vayigache Vayékhi |
Chémote Vaéra Bo Béchala'h Yitro Michpatim Térouma Tétstavé Ki Tissa Vayaqel Péqoudé |
Vayiqra Tsav Chemini Tazriâ Métsora A'harémote Qédochim Emor Behar Bé'houqotaï |
Bamidbar Nasso Béhaalotékha Chela'h Kora'h 'Houqate Balaq Pine'has Mattote Massêi |
Dévarim Vaét'hannane Êqev Réé Chofétim Ki Tétsé Ki Tavo Nitsavim Vayélekh Haazinou Vézote |
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BÉ-MIDBAR - Nombres
La paracha NASSO contient 7 commandement positifs et 11
interdictions.
362. Renvoi des personnes impures du camp de la Chékhina.
363. Confession des fautes devant l'Ét'ernel.
364. Ordonnances concernant la femme soupçonnée d'infidélité.
365. Mitswa pour le nazir de laisser pousser sa chevelure.
366. Tonsure et offrandes du nazir, à l'achèvement de
son voeu.
367. Bénédiction pontificale. chaque jour.
368. Obligation de transporter l'arche sainte sur l'épaule des
Kohanim.
369. Interdiction à toute personne impure de pénétrer
au sanctuaire.
370. Ne pas ajouter d'huile à l'oblation de la Sota.
371. Interdiction d'ajouter de l'encens à cette oblation.
372. Interdiction au nazir de boire du vin.
373. Interdiction au nazir de manger du raisin frais.
374. Interdiction au nazir de manger du raisin sec.
375. Interdiction des pépins des raisins.
376. Interdiction de l'enveloppe des raisins.
377. Interdiction de se couper les cheveux pendant la durée
de son voeu.
378. Interdiction au nazir d'entrer dans une maison ou se trouve un
mort.
379. Interdiction au nazir de se souiller au contact d'un mort.
La paracha BÉ-HA-ÂLOTEKHA contient 3 commandements
positifs.
380. La Pâque seconde, le 14 Iyar.
381. Obligation de consommer le 2ème sacrifice pascal accompagné
d'azymes et d'herbes amères.
382. Interdiction de laisser de la viande du 2ème sacrifice
pascal.
383. Interdiction de briser un os du 2ème sacrifice pascal.
384. Sonneries des trompettes au sanctuaire et en campagne.
La paracha CHÉLAH LÈKHA contient 2 commandements
positifs et une interdiction.
385. Prélèvement de la halla.
386. Les tsitsit à mettre aux coins du vêtement.
387. Interdiction de se laisser égarer par le penchant du coeur
ou par ce que voient les yeux.
La paracha QORAH contient 5 commandement positifs et 4 interdictions.
388. Garde du sanctuaire.
389. Rachat du premier-né de l'homme.
390. Service des léwiim dans le sanctuaire.
391. Prélèvement de la première dîme.
392. Prélèvement de la dîme de la dîme par
les léwiim.
393. Interdiction aux kohanim de faire le service des léwiim
et aux léwiim de faire celui des kohanim.
394. Interdiction à tout profane de faire le service au temple.
395. Ne pas négliger la garde autour su sanctuaire.
396. Interdiction de racheter le premier-né d'un animal pur.
La paracha HOUQAT contient 3 commandements positifs.
397. La vache rousse.
398. Loi concernant l'impureté émanant d'un mort.
399. Ordonnances concernant l'eau de lustration, qui rend impur celui
qui est pur et purifie celui qui a été souillé par
un mort.
La paracha PINHAS contient 6 commandements positifs.
400. Lois concernant l'héritage.
401. Le sacrifice perpétuel.
402. Offrande de moussaf le Chabbat.
403. Offrande de moussaf le Roche Hodèche.
404. Offrande de moussaf à Chavouôt.
405. Sonnerie du chofar à Roche Ha-Chana.
La paracha MATTOTE contient une mitswa positive et une interdiction.
406. Mesures d'annulation des voeux.
407. Interdiction de violer sa parole
La paracha MASSÊ contient 2 commandements positifs et 4
interdictions.
408. Attribution de villes aux léwiim.
409 Obligation aux tribunaux de reléguer le meurtrier par imprudence
de sa ville dans une des villes de refuge.
410. Interdiction d'exécuter un criminel avant de l'avoir déféré
aux tribunaux.
411. Interdiction au témoin d'émettre un avis quelconque.
412. Interdiction d'accepter une rançon pour la vie d'un assassin.
413. Interdiction d'accepter une rançon pour dispenser de l'exil.
Il est admis que ce sont soixante myriades d’hommes qui composaient le peuple d’Israël au moment de la sortie d’Egypte et du don de la Tora, ainsi que pendant le dénombrement des tribus comme il ressort de la présente paracha. Il est vrai qu’il est écrit (Chemoth/Exode 12,37) : « Les enfants d’Israël sont partis de Ramsès à Souccoth environ 600.000 hommes […] », et dans la présente paracha (1,46) il est dit : « Et le nombre des enfants d’Israël était de 603.550 ». Toutefois, ce dernier chiffre ne concerne que douze tribus, mais qu’en est-il des Lévites ? Ils comptaient, à partir de l’âge d’un mois, 22.300 mâles [Gerschon (3,22) : 7.500 ; Qehath (id. 28) : 8.600 ; Merari (id. 34) : 6.200]. Même si on ne tient compte que des Lévites âgés de trente à cinquante ans, ils sont au nombre de 8.580 (4,48). Donc le nombre total des hommes des treize tribus est de 625.820, ou au minimum de 612.130, donc soixante-deux ou soixante-et-une myriades. Pourquoi parlons-nous toujours de soixante myriades ?
La réponse est que ce nombre cardinal de soixante myriades est
nécessaire pour que la Chekhina puisse résider au sein du
peuple d’Israël (Beréchith Rabba 74,17). Les Lévites
quant à eux ne détenaient pas le rôle de rendre possible
la venue de la Présence divine, mais grâce à leur service
au Sanctuaire, puis au Temple, ils devaient La faire descendre dans ce
monde-ci, au sein du peuple. Il est possible que c’est la raison pour laquelle
la Tora précise (2,17) : « Et partira le Sanctuaire, le camp
des Lévites », car le « camp des Lévites »
est lui-même « le Sanctuaire » où réside
la Chekhina. C’est peut-être pour cela que les Lévites ne
sont pas comptés dans les soixante myriades, qui, elles, constituent
l’emplacement où la Chekhina peut résider, grâce au
service des Lévites.
En suite à l’épisode du rocher, alors que Moché et Aharon devaient ordonner par la parole à la pierre de faire jaillir de l’eau et que Moché a frappé le rocher, D. annonça leur punition (20,12) : « Puisque vous n’avez pas eu foi en Moi pour Me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, vous ne conduirez donc pas cette assemblée au pays que Je leur accorde. » Si D. décrète « vous ne conduirez donc pas », c’est que cette punition est une conséquence de leur faute. De plus, « donc » (lakhen), dit dans le verset, dont le Ba’al haTourim calcule la guymatria : elle est équivalente à « mida bemida », mesure pour mesure. Quel rapport peut-on trouver entre la punition et la faute, au point que l’on puisse dire que c’est « mesure pour mesure » ?
Si Moché et Aharon avaient parlé au rocher, et que sur
leur ordre, celui-ci avait donné de l’eau, il y aurait eu un immense
Qiddouch Hachem (sanctification du Nom divin), en révèlant
que, face à la parole du prophète de D., une pierre change
entièrement sa nature et produit de l’eau. Le fait de frapper le
rocher a annulé totalement cette possibilité de Qiddouch
Hachem. La conséquence première de leur faute (quelle qu’elle
soit) fut donc un manque de sanctification du Nom divin, c’est-à-dire
une détérioration de l’importance de la Présence divine
dans le monde. Selon le principe de mida kenégued mida, la punition
est la dévalorisation de l’importance de Moché et d’Aharon
en tant que dirigeants du peuple d’Israël, jusqu’à leur retirer
la possibilité de le conduire jusqu’à la Terre promise.
Toute la paracha, mis à part les neufs derniers versets, est consacrée aux bénédictions données par Bil’am, alors qu’il avait été chargé par Balaq de la mission de maudire le peuple d’Israël. Deux questions majeures se posent à ce sujet : pourquoi D. a-t-Il voulu – car si telle n’était pas Sa volonté, tout cet épisode de Bil’am n’aurait pas eu lieu – que Bil’am vienne maudire le peuple juif, n’y parvienne pas et, le bénisse ? D’autre part, comment la Tora, qui ne révèle de nombreuses lois que par allusion, peut-elle réserver tellement de versets - quatre-vingt-quinze - à ce sujet ?
Par trois reprises, Bil’am tente de maudire le peuple juif, mais par trois fois, il le bénit. La première occurrence est rapportée en quatre versets (23,7-10), la seconde, en huit (id., 18-24) et la troisième fois, en sept versets (24,3-9).
Il est surprenant de constater qu’à chaque reprise, sa parole est introduite dans le récit de la Tora par un terme similaire : la première fois (23,5), c’est par « Et D. plaça une parole dans la bouche de Bil’am » ; la seconde fois (id. 16), « Et Il plaça une parole dans sa bouche », et la troisième occurrence (24,2), « Et vint sur lui l’esprit de D. », que les Targum rendent par « l’esprit de prophétie ». Rachi explique ce phénomène (Ta’anith 20a) par le fait qu’un ange lui coupait à chaque fois la parole pour transformer ce que Bil’am disait en une bénédiction.
Nos Sages zatsal disent (Sifri de fin de Wezoth ha-Berakha) : Bil’am était le prophète des nations du monde, en parallèle à Moché, qui était celui du peuple d’Israël. C’est la raison pour laquelle Balaq, roi de Moav, a fait appel à lui afin qu’il maudisse le peuple d’Israël. Il est évident, qu’il n’y a pas de niveau humain supérieur à celui de prophète (cf. l’enseignement de rabbi Pin’hass ben Yaïr - ‘Avoda Zara 20b – sur l’échelle des valeurs spirituelles où la plus élevée est le roua’h haqodech, la prophétie). Toutefois, même à ce niveau, tout dépend – et ne dépend que – de la Volonté divine. Or « Le Seigneur, ton D., n’a pas voulu écouter Bil’am et l’Eternel a converti la malédiction en bénédiction » (Devarim/Deutéronome 23,6 et Ne’hémia 13,12). D. a voulu nous montrer qu’aucune force dans le monde, même celle de la prophétie, ne peut agir autrement que selon Sa volonté.
C’est la raison pour laquelle la Tora insiste longuement sur ce sujet,
afin de nous enseigner que même la parole de l’homme est totalement
assujettie à cette volonté, et c’est D. Qui placera les mots
dans sa bouche, ou un ange en changera les termes, les faisant passer d’une
extrémité à une autre, de la malédiction à
la bénédiction.
En récompense du risque qu’a pris Pinh’ass à tuer Zimri, le chef de la tribu de Chim’on, pour la très grave faute qu’il avait commise, apaisant de la sorte la colère divine qui avait déjà tué vingt-quatre mille hommes du peuple juif (25,8-9), D. lui promet la prêtrise éternelle (id. 13).
[En effet, seuls Aharon et ses fils avaient été intronisés prêtres lors de l’érection de la Tente d’assignation trente-huit ans auparavant. Ses petits-fils qui étaient déjà nés, tels que Pin’hass, ne le furent pas. Seuls les descendants à naître de Aharon, seront à l’avenir des Kohanim.]
Il est surprenant que ce soit le fait de tuer un fauteur qui accorde une telle récompense. Nos Sages ont, en effet, enseigné (Avoth/Maximes des Pères 1,12) que les qualités d’Aharon – le premier grand prêtre – étaient d’aimer la paix, de la rechercher, d’aimer les hommes et les rapprocher de la Tora. L’acte de Pin’hass semble en contradiction absolue avec les qualités de son grand-père !
Mais ce n’est pas la première fois que nous rencontrons ce phénomène dans la Tora. Après la faute du Veau d’or, les Lévites, qui avaient tué sur l’ordre de Moché les trois mille hommes qui avaient adoré le Veau d’or, ont été nommés les servants des Kohanim au Temple à la place des premiers-nés (Rachi et Sifté ‘Hakhamim Chemoth/Exode 32,29).
La contradiction entre les qualités d’Aharon et les actes des
Lévites et de Pin’hass – qui leur ont permis d’accéder au
sacerdoce – relève de la compréhension que nous avons de
ces qualités comme venant de la nature d’Aharon, homme paisible
et pacifique, ne supportant pas de voir des querelles et des dissensions.
Mais la quatrième qualité évoquée dans la Michna
de Avoth – rapprocher les hommes de la Tora – permet de comprendre la personnalité
d’Aharon sous un autre angle encore, car cette dernière qualité
ne relève pas d’une nature paisible et calme. Ce souci de mettre
les hommes sur le chemin de la Tora provient de son amour intense de D.
et de Sa volonté ; il ne supporte pas de voir cette volonté
transgressée. Un des éléments culminants de cette
volonté est le Chalom, la paix, au point que Chalom est l’un des
Noms de D., qu’il est interdit de prononcer dans un lieu où il est
interdit d’étudier et de prier (Chabbath 10b). C’est cet amour intense
de D. qui a fait de Aharon l’ancêtre des Kohanim. C’est ce même
amour intense de D. qui a amené les Lévites et Pin’hass à
punir de mort ceux qui ont si violemment transgressé la Volonté
divine, et qui leur a donné la possibilité d’accéder
au statut sacerdotal. Car leur acte fut totalement lechem Chamayim, prouvant
ainsi qu’ils étaient de vrais serviteurs de l’Eternel, ‘ovdé
Hachem.
Dans le Midrach ad loc., deux enseignements de nos Sages semblent se contredire : « D. dit à Moché (31,2) : Entreprends la vengeance des Enfants d’Israël des Midianites, ce après quoi tu mourras […] » donc Moché doit s’y rendre lui-même et faire la guerre contre Midian, mais il n’y est pas allé personnellement, comme il est écrit (id. 6) : « Et Moché les a envoyés, mille de chaque tribu […] ». La raison est qu’il a grandi en Midian, et qu’il a trouvé que ce n’était pas juste de faire du mal à qui lui a fait du bien (Midrach Rabba 22,4). Bien que la mitswa de faire la guerre contre Midian lui ait été ordonnée personnellement, Moché en a changé l’objet, suite à ce raisonnement.
D’autre part, dans le même Midrach (id. 6), nos Sages enseignent : « Il est écrit à propos de Yehochoua’ (Yehochoua’/Josué 1,5) : Comme J’étais avec Moché, Je serai avec toi. Yehochoua’ aurait dû vivre cent vingt ans comme Moché, pourquoi a-t-il vécu dix ans de moins (id. 24,29) ? Quand D. a dit à Moché d’entreprendre la guerre contre Midian, bien qu’il savait qu’il mourrait immédiatement après cette action, il n’a pas refusé de s’y engager quitte à vivre moins longtemps. Mais quand Yehochoua’ a commencé la guerre en Erets Cana’an contre les trois rois du pays, il a raisonné ainsi : « Si je les vaincs immédiatement, je mourrai tout juste après cela, comme cela est arrivé à Moché », et il a retardé la guerre contre eux. Alors D. lui a dit : « Puisque tu as agi ainsi, Je raccourcirai ta vie de dix ans." »
L’un des commentaires (Maharzo) explique que Yehochoua’ a pensé qu’il eut été préférable que Moché repousse la guerre de Midian, afin de vivre autant que possible et assurer plus longtemps la garde et la protection du peuple d’Israël ; de la même manière, il conçut qu’il était préférable qu’il retarde la guerre contre les trois rois, ainsi il vivrait le plus longtemps possible, ce qui était primordial, comme le montre le verset à la fin du livre de Yehochoua’ (id. 24,31) : « Et Israël a servi le Seigneur pendant toute la vie de Yehochoua’ […] », ce qui sous-entend qu’après sa mort, ils se détournèrent du service de D. Pourquoi ce raisonnement lechem Chamayim (visant à développer la Gloire divine sur terre) n’a-t-il pas été accepté par D., alors que celui de Moché le fut ?
Il est possible que la différence fondamentale entre ces deux
argumentations provienne de leur source : le calcul de Moché reposait
sur un sentiment de reconnaissance (hakarath hatov) envers Midian pour
les bienfaits qu’il y avait reçus, cette vertu doit être acquise
par l’homme afin de parvenir à la perfection. En revanche, l’estimation
de Yehochoua’ ne relevait pas d’une mida particulière, mais reposait
sur un raisonnement porteur de bénéfice pour le peuple d’Israël.
Rabbi ‘Hayim Vital (Cha’aré Qedoucha 1,2) enseigne que les midoth
ne sont pas incluses dans les six cent treize mitswoth, mais en forment
la préparation essentielle. Donc un raisonnement élaboré
à partir d’une vertu peut donner un sens à une mitswa et
même permettre d’en changer la direction, comme cela à été
développé concernant les pensées de Moché (mais
bien entendu, seul une autorité de son niveau peut se permettre
une telle démarche). Toute autre spéculation, aussi élevée
soit-elle, ne peut en aucun cas changer une mitswa, comme ce fut le cas
concernant le raisonnement de Yehochoua’. Elle n’est donc pas acceptable
et, en conséquence est rejetée, voire entraîne même
une sanction.
Avec nos remerciements a Kountrass Jerusalem : http://kountras.magic.fr/
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